"Identité nationale" (extrait), de Patrick Font

Parodie de "Le Métèque", de Georges Moustaki

Je suis un français de pure souche
Et j'ai toujours au coin d'la bouche
Un bon rictus de franchouillard
Surtout dans les repas de noces
Où d'un pas viril et véloce
Je fais la danse des canards
J'ai même appris l'accordéon
Avec Jean-Charles Gros-Côlon
À la MJ de Touche-Mes-Noix
Et je prépare les vins d'honneurs
Pour régaler les ingénieurs
Des pompes à merde du Crôtois

Le jour du quatorze juillet
Je plante des drapeaux français
Sur les fenêtres de ma rue
J'ai même fait tondre ma pelouse
Quand en juillet 92
Un All'mand s'est couché dessus
Quand sur la Méditerranée
Le Boche revient se faire bronzer
J'aime à lui crier Vive De Gaulle
Et d'un puissant revers de main
Je claque la gueule à mon gamin
Qui dit vieux con t'es même pas drôle

Patience un jour il deviendra
Chauvin et con comme un Gaulois
Pourvu qu'il boive autant que moi

La Chanson de Craonne (extrait)

Anonyme, 1917

Quand au bout d'huit jours, le r'pos terminé,
On va r'prendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile.
Mais c'est bien fini, on en a assez,
Personn' ne veut plus marcher,
Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot
On dit adieu aux civ'lots.
Même sans tambour, même sans trompette,
On s'en va là-haut en baissant la tête.

Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes.

Mon vieux Pataud (1934), de Le Peltier et Valsien

Immortalisé par Berthe Sylva

Un jour comme il sortait du bureau d'Bienfaisance
Il salua m'sieur l'maire qui dit bonjour Butaud
Tiens c'est à toi c'chien là oui dit l'vieux sans méfiance
Un' brav' bête presqu'aussi vieille qu'moi n'est ce pas Pataud
J'comprends répondit l'maire c'est un ancien complice
On s'aime pardi seul'ment Butaud moi j'te préviens
Entre tes s'cours et ton cabot faut qu'tu choisisses
L'argent des indigents n'est pas fait pour les chiens
Et comme le vieux n'voulait en faire qu'à sa tête
On résolut d'comprendre mieux qu'lui ses intérêts
Un soir donc lâchement on tira sur la bête
Qui toute sanglante vint s'étendre auprès des ch'nets
Alors le vieux Butaud saisit sa cartouchière
Il arma son fusil en grondant assassins
Mais Pataud fit entendre une plainte légère
Et le vieux en pleurant se pencha sur son chien
Et comme il semblait…

"Quand j'suis paf" (1932)

De l'opérette "Mon amant !"

Et sans arrêt je ris je ris
Ça me donne envie d'chanter
Ou de chahuter ou de sangloter
Cela prouve tout simplement
Qu'aux mêmes causes l'effet peut êtr' différent

Quand j'suis paf
Ça me chatouille le pif
Ça fait que j'ai l'pif paf
Et que j'ai mal aux tif
Quand j'suis paf
J'ai l’œil contemplatif
Mais j'ai la bouche en staf
Et mes tifs ont le taf
Quand j'suis paf !
Quand je bois du Moulin à Vent
Mon esprit tourne à tous les vents
Une petite bouteille de Chablis
Me berce l'oubli.
Quand j'ai bu un peu d'Saumur
J'm'amuse à faire les pieds au mur
Je comprend tout de travers
J''vois tout à l'envers
Dans tout je me perds
Mais ça prouve tout simplement
Que j'ai du cran et du tempérament

Quand j'suis paf
J'ai l'œil contemplatif
Et j'ai la bouche en staf
Et mes tifs ont le taf
Quand j'suis paf

"Syracuse" (extrait)

De Bernard Dimey et Henri Salvador (1962)

Voir les jardins de Babylone
Et le palais du grand Lama
Rêver des amants de Vérone
Au sommet du Fuji-Yama.
J'aimerais tant voir Syracuse
Pour m'en souvenir à Paris.

"Poor Man Lazarus" (extrait)

Dans "Gospel of Luke", d'après une parabole de la Bible

Poor man Lazarus, sick and disabled,
dip your finger in the water;
come and cool my tongue,
'cause I'm tormented in the flame !
He had to eat crumbs from the rich man's table
dip your finger in the water;
come and cool my tongue,
'cause I'm tormented in the flame !

Rich man Divies, he lived so well.
Dip your finger in the water;
come and cool my tongue,
'cause I'm tormented in the flame !
And when he died, he went straight to hell.
Dip your finger in the water;
come and cool my tongue,
'cause I'm tormented in the flame !

I love to shout, I love to sing.
Dip your finger in the water;
come and cool my tongue,
'cause I'm tormented in the flame!