Un rat d’Paname, un soir en douce, Voulant charrier ses camaros, Invita le rat des cambrousses À becqu’ter chez les aristos – Tu vas filer l’ train à mézique, Lui bonit-il, plaquant son trou. Sans fric, sans lâcher un cigue, Tu vas pouvoir te taper l’chou. Et d’auto, voilà nos deux potes Dans l’ garde-croûte d’un plein aux as, En train de se remplir la hotte. Barbaque, fromgi et tout l’ palasse. Nos rats s’en foutaient plein la lampe, Quand ils esgourdèrent du bousin. – Acré, acré, faut qu’on décampe Ou l’on va dérouiller, frangin. Nous radinerons en sourdine. – Nib de nib, bava l’ petzouillard, Ma pomme a marre de tes combines, En cambrousse on est plus peinard. En mettant les bouts en vitesse, Le cambrousard reprit son dur, Laissant son aminche à la r’dresse Se serre l ’bide, à lécher les murs |
Autrefois le Rat de ville Invita le Rat des champs, D'une façon fort civile, A des reliefs d'Ortolans. Sur un Tapis de Turquie Le couvert se trouva mis. Je laisse à penser la vie Que firent ces deux amis. Le régal fut fort honnête, Rien ne manquait au festin ; Mais quelqu'un troubla la fête Pendant qu'ils étaient en train. À la porte de la salle Ils entendirent du bruit : Le Rat de ville détale ; Son camarade le suit. Le bruit cesse, on se retire : Rats en campagne aussitôt ; Et le citadin de dire : Achevons tout notre rôt. – C'est assez, dit le rustique ; Demain vous viendrez chez moi : Ce n'est pas que je me pique De tous vos festins de Roi ; Mais rien ne vient m'interrompre : Je mange tout à loisir. Adieu donc ; fi du plaisir Que la crainte peut corrompre. |