Aujourd’hui, c’est philosophie
J'appelle ça « la spirale infernale »… À l'origine, un fait anodin, et puis te voilà à refaire le monde…
Exemple : tu sirotes ton apéro en terrasse, tout tranquillou, quand tu dois interrompre ta conversation pour laisser l'espace phonique libre aux rugissements rageurs d'un stupide engin de plage qui flap-flape sur les paisibles vagues de la Méditerranée. Comme c'est aussi le moment que choisit le livreur de futs de bière pression pour livrer sa potion magique en laissant tourner son camion dont l'œil noir de l'échappement te fixe droit dans la face, il te vient des pensées philosophico-homicides.
Pour Frédéric Dard, sa colère froide s'universalise à propos d'un évènement encore plus anodin : le simple contact (qu'on dira fortuit) avec une jupe en tweed…
« Rugueux, le tweed, lorsqu'il est de mauvaise qualité… (…) Y'a encore des brins de paille qui en sortent, ou de crin, ou de je ne sais quelle saloperie synthétique issue du pétrole de merde, que vivement qu'il n'en reste plus un baril sur cette planète, tant il l'a faussée, moi je trouve ; faussée complètement ; ses hommes, ses denrées, leurs prix, les guerres ; faussé les continents ; corrompu air et mers, terre et amour, conscience et congés payés ; tout empétrolé… ».
Frédéric Dard
In « Y a-t-il un Français dans la salle » – 1979
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