Le Mot du Jour (une suite)
fait des émules…
Cette crise a changé notre vie, notre relation aux autres, notre rapport au travail…
Elle a aussi changé notre vocabulaire.
Coronavirus, bien sûr, mais aussi Covid-19, qui est le vrai nom de la maladie (masculin devenu féminin, comme le/la crépidule, né mâle, devient femelle en vieillissant), et SARS-CoV-2, le vrai nom de la « bête ».
Et puis pangolin (« un artichaut à l'envers avec des pattes » disait Pierre Desproges)…
Wuhan, Hubel, pandémie, prévalence, cluster (foyer), patient zéro (à la recherche du…). Ro (taux de contamination), anosmie et agueusie (les sœurs infernales), asymptomatique, super-contaminateur, létalité, comorbidité.
Et encore : confinement et déconfinement (pas si différents qu'on l'aurait espéré), attestation de déplacement dérogatoire (avant) et déclaration de déplacement (après).
Plus technique : chloroquine, hydroxychloroquine (HQC pour les intimes) azythromycine, protocole Raoult (avec ses fans, les raoultophiles, et ses détracteurs, les raoultophobes), étude observationnelle, interventionnelle ou non-interventionnelle, à ne pas confondre – malheureux ! – avec l'essai clinique randomisé; remdesivir, lopinavir, ribavirine et cie, artémisia (une poudre de perlimpinpin venue de Madagascar), masque FFP (pour filtering facepiece) FFP1, FFP2, FFP3, masque chirurgical et masque grand public (ceux que le grand public, justement, a eu tant de mal à trouver), aérosolisation, test virologique ou sérologique, PCR (réaction de polymérisation), frottis naso-pharyngé, tracking.
Sans oublier ces bijoux de jargon technocratiques : « Distanciation sociale » (dire plutôt distanciation physique), « gestes barrières », « publics à risque », « cas contact », « brigade sanitaire ».
Et bien sûr nos chers « premiers de corvées », héros de l'heure.
Autant de mots, de locutions qui étaient inconnus de la plupart d'entre nous il y a trois mois. La crise du coronavirus a changé notre vie, notre relation aux autres, notre rapport au travail, notre regard sur l'actualité – où rien d'autre ne semble plus exister. Elle a changé notre vocabulaire. Il y a un glossaire de la crise sanitaire qui fait désormais partie de la langue commune. Des mots que nous utilisons sans même y prendre garde. Entre nous, au téléphone, sur Internet, nous parlons le coronavirus comme monsieur Jourdain, la prose.
Dire, raconter, est le propre de l'homme. Les guerres, toujours, créent le même genre d'inflation langagière.
Que cet affreux idiome paramédical, cette novlangue de crise, ait ainsi bousculé le parler ordinaire donne la mesure de l'ébranlement dans nos vies et nos consciences. Plaise au ciel que nous l'oubliions aussi vite.
Ce serait un bon indice que la guerre est finie.
Et puis pangolin (« un artichaut à l'envers avec des pattes » disait Pierre Desproges)…
Wuhan, Hubel, pandémie, prévalence, cluster (foyer), patient zéro (à la recherche du…). Ro (taux de contamination), anosmie et agueusie (les sœurs infernales), asymptomatique, super-contaminateur, létalité, comorbidité.
Et encore : confinement et déconfinement (pas si différents qu'on l'aurait espéré), attestation de déplacement dérogatoire (avant) et déclaration de déplacement (après).
Plus technique : chloroquine, hydroxychloroquine (HQC pour les intimes) azythromycine, protocole Raoult (avec ses fans, les raoultophiles, et ses détracteurs, les raoultophobes), étude observationnelle, interventionnelle ou non-interventionnelle, à ne pas confondre – malheureux ! – avec l'essai clinique randomisé; remdesivir, lopinavir, ribavirine et cie, artémisia (une poudre de perlimpinpin venue de Madagascar), masque FFP (pour filtering facepiece) FFP1, FFP2, FFP3, masque chirurgical et masque grand public (ceux que le grand public, justement, a eu tant de mal à trouver), aérosolisation, test virologique ou sérologique, PCR (réaction de polymérisation), frottis naso-pharyngé, tracking.
Sans oublier ces bijoux de jargon technocratiques : « Distanciation sociale » (dire plutôt distanciation physique), « gestes barrières », « publics à risque », « cas contact », « brigade sanitaire ».
Et bien sûr nos chers « premiers de corvées », héros de l'heure.
Autant de mots, de locutions qui étaient inconnus de la plupart d'entre nous il y a trois mois. La crise du coronavirus a changé notre vie, notre relation aux autres, notre rapport au travail, notre regard sur l'actualité – où rien d'autre ne semble plus exister. Elle a changé notre vocabulaire. Il y a un glossaire de la crise sanitaire qui fait désormais partie de la langue commune. Des mots que nous utilisons sans même y prendre garde. Entre nous, au téléphone, sur Internet, nous parlons le coronavirus comme monsieur Jourdain, la prose.
Dire, raconter, est le propre de l'homme. Les guerres, toujours, créent le même genre d'inflation langagière.
Que cet affreux idiome paramédical, cette novlangue de crise, ait ainsi bousculé le parler ordinaire donne la mesure de l'ébranlement dans nos vies et nos consciences. Plaise au ciel que nous l'oubliions aussi vite.
Ce serait un bon indice que la guerre est finie.
Var-matin 13/05/20
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Created by guy • Last edit by jeff on Mai 15th, 2020
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