Au bistrot du coin, où j'ai mes (mauvaises) habitudes, deux écrans fonctionnent en permanence : celui de la Française des Jeux (nous en reparlerons) et BFM Télé. C'est ce dernier qui m'a mis en joie tout à l'heure. On diffusait un reportage où de fervents partisans venaient démontrer leur soutien à leur candidat à la présidence de la République présentement englué dans de sales histoires mêlant argent et népotisme. Par-dessus le brouhaha des cocheurs d'Amigo j'ai pu entendre une vénérable militante, sosie de la femme du beauf de Cabu, proférer cette véhémente protestation :
« Mais après tout, il n'est pas plus sale qu'un autre ! »
Ouf ! J'ai bien failli rendre copie blanche cette semaine ! Ma totale inculture en matière footballistique comme dans les choses du libertinage vidéo-enregistré m'a fait passer à côté d'une collision d'informations propre à alimenter un Mot du Jour.
C'est Mathieu Madénian qui, avec sa « Carte postale » hebdomadaire à Charlie-Hebdo, me permet de combler cette lacune. Il y est question de Karim Benzema, un talentueux joueur de football qui se retrouve privé de coupe d'Europe pour avoir manqué à la Charte de déontologie de la Fédération Française de Football. (Parce que oui, la Fédération Française de Football possède une Charte de déontologie…) La F.F.F. donc, juge que Benzema ne serait pas exemplaire, donc pas d'Euro pour lui. Et là, je suis d'accord avec Madénian qui préconise que toutes les personnes qui sont censées représenter notre pays soient soumises à une charte de ce type.
Te rends-tu compte, lecteur rigoureux, et toi vertueuse lectrice, qu'en France, quand tu es mis en examen tu n'as pas le droit de jouer au foot, mais tu peux sans problème te présenter à l'élection présidentielle. Mieux, quand tu es définitivement condamné, tu peux sans souci continuer à exercer une fonction publique et pas des moindres. Apparemment, en France, on est plus regardant en ce qui concerne les gens qui tapent dans un ballon qu'envers ceux qui tapent dans la caisse.
« Des ouvriers du secteur privé allument un feu d’allégresse à l’annonce du redéploiement vers Pôle Emploi de plusieurs centaines de leurs postes ». ► À Florange, les salariés d'ArcelorMittal… (RFI)
Troisième journée consécutive… « En raison d’un appel à la grève lancé par plusieurs organisations syndicales portant sur des modifications du tableau de service entrainant le redéploiement en interne de quatre techniciens, France Inter n’est pas en mesure de diffuser l’intégralité de ses programmes… ».
Je trouve bien disproportionné que des agents que je présume bénéficier d’un statut plutôt privilégié dans le monde du travail interrompent complètement et si longuement un service public pour un motif qui me parait bien futile. Leur « lutte », face au drame que vivent ceux dont on boucle les usines s’apparente a un caprice d’enfant gâté.