Le petit déjeuner
Ça commence par l’arrivée d’un plateau alvéolé chargé de tout le nécessaire. « Relevez la tête du lit ! Remontez-vous ! » Me voici donc le torse à 45°, une tablette réglable en butée sur mes genoux. À jeun depuis plus de 36 heures, n’importe quel Nescafé éventé me fera autant d’effet que George Clooney sur les filles de la machine à café !
Bien rempli, le plateau avec, en son centre, un bol plastique plein d’eau bouillante. Procédons avec ordre et méthode ! La dosette de Nescaoua (deux, ils ne sont pas chiens !) : un tube de papier plastifié réputé déchirable aux extrémités. A ben ouichtre ! On veut à tout prix éviter de s’ébouillanter Zézette, alors c’est sous la tablette qu’on produit les effets de cisaillement de la dosette. Et les grains de Nescafé dans les plis du drap blanc… Je vous dis pas !
Au sucre, maintenant. Beaucoup plus conviviales, ces deux pochettes de papier déchirables et réductibles en minuscules boulettes.
Au tour du lait en poudre : encore un sachet récalcitrant qui ne délivrera quelques grumeaux de poudre humide qu’après un laborieux déchiquetage.
Pour mélanger le tout, un alvéole du plateau propose une cuillère plastique sous un blister cellophane d’une remarquable résistance. Ayant été souventes fois confronté au problème, j’ai mon truc : s’appuyer (mollo, hein !) sur la tablette et transpercer ce simili-Kevlar avec le manche de la cuillère. Ça marche ! Bien eus !
Me voici rendu aux biscottes. Les deux paquets individuels de deux biscottes chacun (je vous le dis, on n’est pas chien !) sont aussi résistants que l’emballage des paquets familiaux, mais ils offrent bien moins de prise. On court à la catastrophe ! Même ruse que pour les bâtonnets de café : on procèdera sous la table pour éviter les éclaboussures. Raté ! À la rupture du sachet un choc minime du dos de la main sur le pied de la table et le bol n’est déjà plus aussi plein ! Tout est prévu ! Réparons les dégâts puisqu’une serviette Kleenex est mise à ma disposition…dans le sachet Kévlar de la cuillère qui n’est que perforé ! On verra ça plus tard. Le café refroidit et ma patience a des limites. J’ignore stoïquement le petit carré de beurre (il en existe deux versions : extra-dur ou plus-qu’à-point. Celui-ci en est au stade « coulant »). Je snobe également la capsule de confiture de prunes.
Me voici donc arrivé à « l’instant-petit-déjeuner » sans trop d’encombres (Ah bon, vous trouvez pas ?) Je me mets en quête de mes biscottes qui jouent à cache-cache sous un impressionnant amas de cellophanes volatils et absolument infroissables. Et j’attaque un petit-déjeuner au lit comme en rêverait un prince !
Dans un tel contexte, il aurait été parfaitement anormal que j’échappe au coup de la biscotte qui casse.
Bingo !
Ma belle chemise de nuit toute fraîche immaculée ressemble désormais à un test de Rorschach !
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