In memoriam
C'est à une servante dévouée que le Mot du Jour a la douleur de dire adieu aujourd'hui.
Elle était venue au monde dans les années 1970/72. Personne ne sait plus très bien. Elle travaillait son petit bout de pré, du côté de Genas, avant que les pistes de Satolas ne remplacent les champs de tournesols.
En 1993, les choses de la vie ont fait qu'elle dut émigrer dans le Var. Elle a enduré alors une période d'inactivité, confinée dans les dépendances d'un immeuble citadin.
Elle a fini par trouver un emploi temporaire chez un jeune couple, une bonne maison où elle était chargée de l'entretien des abords de la piscine.
Je l'ai ensuite prise à mon service dans ma résidence du Beausset où nous prenions ensemble de l'exercice entre les fûts de la pinède.
Elle m'a suivi lorsque je me suis installé plus près de la mer.
Nous avions toujours plaisir à travailler ensemble au jardin. Elle n'a jamais rechigné à la tâche même si son souffle devenait de plus en plus bruyant.
Les tremblements qui l'agitaient chaque année un peu plus me faisaient bien craindre pour son avenir. Mais je la savais robuste : mis à part le remplacement de son condensateur de démarrage, elle n'avait subi dans toute sa vie qu'une opération bénigne consistant en l'ablation partielle d'un bouton-poussoir consécutive au vieillissement du plastique. Elle ne se ressentait pas de cette amputation, pas plus que d’une suture de son cordon d'alimentation électrique qu'elle avait elle-même étourdiment sectionné.
Elle souffrait pourtant depuis longtemps d'un mal discret mais incurable : l'ovalisation de l'alésage de la lame. L'impossibilité de se procurer une prothèse adaptée la condamnait à mort.
Elle a bravement attendu de terminer son dernier service avant de rendre l'âme dans mes bras.
Elle mérite notre profond respect et toute notre reconnaissance.
XXV-V-MMXVIII
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