Le brave Prévert et ses escargots enterraient les feuilles mortes… Je me sens, moi, bien seul à l'enterrement de l'accent circonflexe oralisé.
Bah… Il n'y a pas eu de faire-part… Et les commères choisies pour les cordons du poêle ne se sont même pas déplacées… Elles se chargent de la confirmation du décès chaque jour à l'heure de la météo en prédisant tantôt du Mistral dans la vallée du Rhone, qui vient là étrangement côtoyer phonétiquement la Garonne ; tantôt la tempête sur les cotes normandes qui, du coup, voient dégringoler leurs falaises et leur cote…
Que Tonton Georges me pardonne les emprunts subliminaux au « 22 septembre » et aux « Quat’z’arts »
Il ne vous agace pas un tantinet ce néo-vocable passe partout, ce verbe creux qui, à force de trop vouloir signifier ne signifie plus rien… et ne sert qu'à masquer sous un voile pédant une drastique (tiens, celui-là aussi, je l'aime bien !) absence de vocabulaire ?… Ainsi, hier, je revisitais Var-matin. Je le brocardais, je le blaguais, je le caricaturais, je m'en moquais, je le raillais, je le parodiais, je le pastichais, je le modifiais, je le corrigeais, je le travestissais, je le transposais, je le reprenais…
Quand le Chef forcément étoilévient, d'un habile coup de pince à épiler, ajouter l'indispensable brin de ciboulette et une fleur de capucine sur une chiche cuillerée de « Succulent de veau à l'Agaric de pré salé », il ne te prend pas pour un gogo. Non ! En fait, il revisite la blanquette de ta grand'mère… Frimer, berner, tromper, voire selon l'addition, escroquer, estamper, entuber… Ou bien, si l'on est de la caste des « revisiteurs », on peut dire (c'est aussi la mode) qu'il la sublime !
On ne dit pas du premier barbouilleur du dimanche qui installe son chevalet au pied de la Sainte Victoire qu'il tente de restituer un paysage… Non ! Il revisite Cézanne… Plagier, copier, imiter, contrefaire, singer, s'inspirer…
Si une « Nouvelle star », quelque peu inconsciente, vient – le/la pauvre – s'essayer à une chanson du répertoire, on ne dit pas qu'il ou elle massacre « Ne me quitte pas » ou « Les copains d'abord » ou « La Mamma »… On le/la couvre de louanges pour avoir si bien su revisiter Brel, Brassens, Aznavour… Abimer, saccager, défigurer, mutiler, saboter…
Moi aussi, je revisite…une pochette Barclay Dans l'acception « Nouvelle Star » !
Présentation Après Boris Vian, c'est au tour de Georges Brassens d'être repris en chœur par six comédiens chanteurs de la Comédie-Française. De « La Mauvaise Réputation » à « Les Amoureux des bancs publics » en passant par une interprétation inoubliable de « Fernande », ce sont treize chansons de Brassens, plus ou moins connues, qui sont mises à l'honneur, dans un film musical enlevé, drôle et émouvant, où la complicité et l'amitié ne font jamais défaut. Treize incursions dans le riche répertoire du poète de Sète, pour faire découvrir une facette moins connue de son œuvre, devenue un élément du patrimoine musical français.
Ne serait-il pas plus succinct de nous dévoiler d'un coup la liste des starlettes passées, présentes et en devenir n'ayant pas été confrontées aux avances d'un homme ?
Un doigt qui glisse malencontreusement sur la zapette de la touche « arrêt » à la touche « 1 » et c'est le brutal retour à la réalité… J'avais passé un bien agréable moment en compagnie des amis de Brassens, à reprendre ses chansons, à savourer une fois encore des textes ciselés accompagnés d'accords originaux… Et puis… un coup de doigt et me voilà précipité dans l'usine à décibels de « The Voice », pile au moment où l'inévitable petit boudin hurleur expose sa luette aux faisceaux lasers…
On traduit : lors de l'inhumation, on s'est rendu compte que le fossoyeur avait eu le coup de pelle (ℹ)De Tracto-pelle ! un peu vigoureux et détérioré le cercueil de Madame…
Levons nos verres (de bière) à la gloire de Var-matin !
De mauvais augures nous prédisent périodiquement la disparition de ce particularisme culturel qu’est la chanson française. Elle aurait été successivement : tuée par les Yé-yés, balayée par la langue anglaise, déstructurée par les rappeurs… Ainsi seraient donc perdus à tout jamais les chansons réalistes du siècle de Berthe Sylva, les refrains engagés d’un Béranger ou d’un Ferrat défendant le prolo, les rimes riches si chères à Brassens ou les truculentes loufoqueries langagières d’un Bobby Lapointe… Et bien non, Messieurs les fossoyeurs, la chanson française n’est pas morte. Tout cela est toujours bien vivace et les talents d’aujourd’hui nous composent des bijoux qui sont autant d’hommages à leurs grands prédécesseurs. Mieux ! Enrichi d’un si prestigieux patrimoine, l’un d’eux parvient à synthétiser toutes les valeurs de ses maîtres en un seul texte. Je vous en livre la teneur :
Elle est vraiment super La caissière du Super
Elle bosse pour le Boss, Pour les beaux yeux du Boss Elle bosse…
Elle bosse pour son gosse Pour les beaux yeux du gosse Elle bosse…
Les caméras ne se lassent pas d’enregistrer les petits travers de la caissière du super…
Elle bosse pour la banque Pour les beaux yeux de la banque…
Elle bosse pour la bouffe, Pour la bouffe de son gosse, Elle bosse…
Elle est vraiment super La caissière du Super !
C’est signé Arthur H. et ce n’est pas encore dans les bacs que déjà ça mérite haut-la-main l’inscription au palmarès de la Chanson Hon chez Philippe Meyer !
Arthur ! Change de crèmerie ! ou « La guerre des enseignes »
J’étais loin de me douter que la caissière de grande surface suscitait autant de fantasmes… Hélène me le fait remarquer en me signalant que l’hôtesse de caisse de chez Leclerc aurait d’autres talents que la pleurnicheuse du supermarché d’Arthur !
Résumé de l’épisode précédent : Dieu parachève l’endoctrinement d’Abraham. Il le soumet à une épreuve initiatique si cruelle que seul un esprit ayant perdu tout libre arbitre peut accepter de se soumettre : il lui faut égorger et immoler son fils préféré. Dieu fait arrêter cet horrible bizutage à la toute dernière seconde. En récompense pour son allégeance, Abraham reçoit la promesse de destins fabuleux pour toute son innombrable descendance.
21 – Affut à la gazelle
Sara défuncte à l’âge de cent vingt-six ans à Hébron. Pas très loin de Mamré et ses chênes. On sait qu’Abraham aime bien le pays mais il n’est que résident étranger (pour le moment) et il n’a pas de concession au cimetière local. Des voisins sympas lui proposent une petite place dans leur caveau, mais Abraham a le sens de la propriété plutôt développé. Et aussi le sens de la négociation, on l’a déjà vu. Si bien qu’il parvient à acquérir du sieur Heth, en son nom propre et pour pas très cher, un beau bout de terrain arboré avec une caverne propice à la sépulture de Sara.
C’était la Genèse – 23
Abraham se dit que lui non plus n’est pas éternel. Et qu’il serait temps de penser à prendre ses dispositions pour l’avenir de la descendance. Il convoque l’intendant du domaine et en fait son exécuteur testamentaire chargé d’arranger le mariage de son fils. Son tout premier souci est qu’Isaac n’épouse surtout pas une fille de ce pays de Canaan. Beau geste d’intégration pour un routard qui a été accueilli à bras ouverts ! Isaac – le fils –, devra épouser une fille du pays d’Abraham, – le père – ! Ah, Tonton Georges, ils ne datent pas d’hier « les imbéciles heureux qui sont nés quelque part ! ». Et qui plus est, pas question qu’Isaac retourne s’installer au pays des ancêtres ; c’est la femme qui devra s’expatrier. Dieu le veut ! « Approche, esclave ! Mets ta main sous ma cuisse (à chaque peuple ses coutumes…) et jure de faire comme ça ! » L’esclave s’équipe donc de tout ce qu’il faut pour faire la cour à une vraie jeune fille : dix chameaux, une panoplie de chez Cartier et la Carte Gold de son seigneur (avec le code) puis il prend la route vers Nachor, en Mésopotamie.
Ils ont un truc infaillible pour pécho à cette époque. Suffit de te poster près d’un point d’eau, tout comme un lion prédateur, et de sagement attendre la gazelle. Pour tromper l’attente, le lion, il se fait des paris : « La première qui passe et qui accepte de me faire boire et, tant qu’à faire, qui tire l’eau pour mes chameaux, celle-là, ça sera la bonne ! » Pari gagné ! La première cruche qui passe remplit tous les critères (et les chameaux). Mission accomplie qu’il pense, l’émissaire. Et, pour assurer le coup, il fait briller anneau et lourds bracelets en jonc véritable. Ce premier contact réussi sans râteau, l’esclave pousse ses pions : « Dis-moi, ma fille, qui c’est, ton père ? Tu crois qu’il nous laisserait passer la noye chez vous, mes chameaux et moi ? » Et Rebecca (C’est bien d’elle qu’il s’agit. J’ai la bonté de te le dire, puisque l’autre mufle ne s’est ni présenté, ni ne lui a demandé son prénom) et Rebecca, donc, de déballer son arbre généalogique. Là encore, bonne surprise pour le chamelier : il s’agit en fait d’une petite cousine du promis. Va être content le patron qui aime bien que ça ne sorte pas de la famille ! Et de plus, il y a de la place à la ferme-auberge ! Merci mon Dieu, ça se goupille pas trop mal !
C’était la Genèse – 24 à 24.27
À défaut de Colette Renard, c’est Georges Brassens qui vient aujourd’hui illustrer le Chapitre du Jour…
« Oh que renaisse le temps des morts bouffis d’orgueil, L’époque des « m’as-tu vu » dans mon joli cercueil »… Brassens – Ça y est, Tonton Georges, nous y sommes !
Ne manquent plus que les bons points de la communale et les images pieuses du catéchisme. Encore, s’il s’agissait du héros lui-même…
* surmédaillé : néologisme à moi, suggéré par les vendeurs de bagnoles suréquipées.
À première lecture j’ai cru à un inespéré recul de l’obscurantisme… Et puis… Ils bénissent bien les armes, les bateaux, les motos, les animaux… Pourquoi pas les zomos ?