Mes confessions (2)
Après vous avoir avoué que je faisais partie de cette étrange secte qui à le front de ne point vénérer Victor Hugo je me dois aujourd'hui d'aller plus avant dans les confessions peu flatteuses.
Voilà, n'y allons pas par quatre chemins : Je ne suis jamais allé au stade.
Si d'aventure l'envie tardive m'en prenait, il faut vous dire que, quand bien même on y donnerait un de mes spectacles de prédilection, je ne me sens aucun goût à me faire engrillager avec une horde d'énergumènes vociférants tout en me faisant dévisager en permanence par des stadiers plus ou moins patibulaires.
En revanche, je suggèrerais bien qu'on supprime grillage et vigiles, ces deux précautions inutiles dont on sait depuis Beaumarchais qu'elles n'ont jamais résisté à la passion. Les stades, débarrassés de ces entraves à la liberté, seraient rendus à la pleine jouissance des supporters.
Il suffirait, à la fin de la rencontre, que des équipes spécialisées dans la médecine de guerre, renforcées par une escouade de thanatopracteurs procèdent au nettoyage du terrain de jeu.
Je me hasarderais à prédire qu'après une demi-douzaine de Heysel, cette forme de régulation darwinienne (ce n'est pas tout à fait par hasard que j'emprunte ce terme à l'art cynégétique) encouragerait un peu de civilisation républicaine à montrer le bout de son nez dans les tribunes des temples du fair-play.
vues | Partager sur : |