Grand-papa laboureur/Ne sait qu'une chanson/Plus vieille que sa maison/ Aussi jeune que son cœur/ Qu'il chante en labourant/Au fils de son garçon Qu'est un malin p'tit drôle/Et quand l' dernier sillon a fumé sous les bœufs/ Dans le grand champ près du p'tit bois/Grand-papa laboureur et l' fils de son garçon/ Entonnent à qui mieux mieux sur le chemin de la maison
Quand mon grand-papa mourra J'aurai sa vieille culotte Quand mon grand-papa mourra J'aurai sa culotte de drap Oui, j'aurai sa veste et sa casquette Oui, j'aurai sa dépouille complète Quand mon grand-papa mourra J'aurai, j'aurai sa culotte Quand mon grand-papa mourra J'aurai sa culotte de drap
Et quand il va au pré/Cueillir des branches de saule/Le malin petit drôle Rêve aux boutons dorés/Avec, dessinées dessus/Des têtes de sanglier Rêve à la veste en velours de grand-père laboureur/ Quand il pose des lacets dans le p'tit bois près du grand champ Et le fils du garçon de grand-père laboureur/ Entonne pour lui tout seul, sur le chemin de la maison
Quand mon grand-papa mourra J'aurai sa vieille culotte Quand mon grand-papa mourra J'aurai sa culotte de drap Oui, j'aurai sa veste et sa casquette Oui, j'aurai sa dépouille complète Quand mon grand-papa mourra J'aurai, j'aurai sa culotte Quand mon grand-papa mourra J'aurai sa culotte de drap
Grand-papa laboureur/Est mort au p'tit matin/Dans la remise au foin Alors, le père du p'tit/Avec les oripeaux/Du grand-père mort trop tôt Fit un épouvantail/Pour faire peur aux corbeaux/ Qui déterrent les semailles/Dans le grand champ près du p'tit bois Et sa besogne achevée/Sans savoir c' qu'il a fait/ Il s'est mis à siffler sur le chemin de la maison
{Début du refrain sifflé} {Parlé:} Tu pourrais pas siffler autre chose, dis, p'pa ?
Résumé de l’épisode précédent : Moïse reste en conclave quarante jours avec le Très-Haut (sur la montagne). Il consigne par le moindre détail le cahier des charges relatif à l'érection de la Maison de Dieu. Il prendra par la suite un peu d'exercice en redescendant les tables de la loi gravées dans le roc dans ses petits bras musclés.
Quarante jours, autant dire le temps d’un déluge, d'un isolement sanitaire, ça fait quand même un peu long quand tu attends ton Directeur des opérations parti en goguette avec le Président ! Et le peuple d'Israël s'impatiente très sérieusement. Si bien que la plèbe, se sentant abandonnée, se prend à élaborer un plan B. Ils viennent en délégation en faire part à Aaron, Directeur par intérim. Ils ont trouvé une solution plutôt radicale, les enfants d'Israël ! En substance, ça donne : « Écoute Aaron : on avait un leader. Un vrai. Un meneur d'hommes qui nous avait exfiltrés d'Égypte, qui nous a fait traverser la mer à pied sec, qui a fait pleuvoir des ortolans et qui n'a eu qu'à lever les petits doigts (au bout des bras quand même…) pour mettre la pâtée à Amalek. Enfin un vrai bon qu'on aurait suivi jusqu'au bout du monde. Et le voilà qui nous laisse quimper sans crier gare ! Alors comme tu es son second, tu vas nous fabriquer un Dieu de rechange que l'on pourra suivre à nouveau ». Il doit pas être loin d'être d'accord avec le petit peuple, Aaron puisqu'aussitôt il réquisitionne toutes les boucles d'oreille en or. Il jette toute cette joncaille dans un moule et il en résulte la statue d'un veau. Pourquoi un veau ? Me demanderas-tu. Et je te répondrai : pourquoi pas un veau ? Non mais c'est vrai quoi ! Tu crois qu'Aaron il avait pu emporter les moules de toute la création dans son sac à dos ? Il avait le moule d'un veau, il fabrique un veau. C'est pas plus compliqué. Et voilà comment le nouveau dieu des Hébreux, c'est un Veau d'or. Allez, je lui mets une majuscule pour l'occasion !
Une nouvelle idole, ça se fête. Dès le lendemain matin, au prétexte d'actions de grâce, on immole quelques moutons et l'on se refait une grande fiesta. On mange, on boit, on rigole ! En voyant ça, l'Éternel (le vrai) entre dans une rogne noire. « Oh, nom de Moi ! Moïse, regarde-moi cette bande de Têtes raides, qu'à peine tu tournes le dos et ils s'en vont faire des beaux holocaustes bien odorants à la gloire du premier enfant de bovin venu ! Et qu'ils prétendent même que c'est ce bestiau qui les aurait sortis d'Égypte ! Laisse-moi faire. Ils m'ont fait monter la colère : je m'en vais te les carboniser recta ! » Moïse, il voit bien que c'est pas de l'esbroufe. Il est réellement remonté le Boss. Il se lance alors dans une adroite plaidoirie en faveur des mauvais sujets. « Allons, allons, mon Éternel… Faut pas s'emballer comme ça. Imagine, de quoi on aurait l'air ? Je les entends ricaner d'ici, les Égyptiens : Visez-moi un peu le baltringue ! Il s'est donné un mal de chien pour les faire sortir – C'est pour leur bien qu'y disait – et voilà, c'était pour mieux les exterminer une fois dans les montagnes. Tu vas te taper la honte, Très-Haut, c'est sûr. Et pis rappelle toi un peu ce que tu as seriné aux anciens Abraham, Isaac, Jacob-dit-Israël comme quoi tu jurais de leur donner une descendance pléthorique et que tu les installerais au pays de Cocagne… Je serais toi, j'y regarderais à deux fois… »
Ben trovato Moïse ! Dieu refoule ses pulsions napalmesques et se repent même de ses déclarations trucidaires.
Résumé de l’épisode précédent : Poursuivant sa route, Abraham installe sa troupe à Beer-Shéba, sur le territoire d’Abimélec. Sara, presque centenaire, accouche d’Isaac et l’allaite. À la faveur d’un sourire goguenard d’Ismaël elle se débarrasse de ce demi-frère et de Agar, sa mère. Les deux manquent d’y passer dans le désert. Sur intervention divine ils trouvent un puits in–extremis et finalement s’installent par là. Abimélec se rabiboche avec Abraham et lui donne le bout de pays où il campe.
20 – Reprise du bizutage
Poursuivant son endoctrinement, le Grand Gourou reprend le bizutage entamé au chapitre 12Sur jfsaby.com : cliquez Est-ce l’euphorie de la victoire ? Toujours est-il qu’Abram a des visions de l’Éternel. Le boss l’assure de sa protection indéfectible et de récompenses pour ses exploits. Il lui promet à demi-mots une longue descendance « de ses entrailles » et il lui confirme sa promesse de lui faire cadeau de tout le pays.. (Mais si, rappelle-toi : carnage à l’étable, incinérations, visions d’apocalypse…) Cette fois, il met la barre un peu plus haut, le Très Haut : c’est plus du bétail qu’il lui commande de zigouiller gratos à son adepte. C’est rien moins que son fils. Et il précise bien, qu’y ait pas erreur, « ton fils unique, celui que tu aimes, Isaac ». Un pervers, le gourou. On se doutait bien qu’Abraham était déjà fragilisé du bulbe, mais à ce point ! Tu vas voir. À son fils, il fait miroiter un méchoui entre hommes, et au petit matin les voilà partis, Abraham, Isaac, l’âne, des fagots de bois, son briquet, le grand couteau de la cuisine et deux esclaves. Direction un coin sympa sur la montagne. Trois jours de marche ! « Papa, c’est quand qu’on s’arrête ? — On y est presque ! Les palefreniers vont rester ici avec la bourrique et nous on continue à pied. Amène-toi que j’arrime le bois sur ton dos. — Et le mouton, père ? On a oublié le mouton ! — Pas grave. Dieu y pourvoira… » Et les voilà sur le sentier, Isaac et le bois, son papa avec le briquet et le couteau.
On savait Abraham dérangé, mais le fiston aussi, il doit avoir un grain. Jugez. Le môme, il doit avoir dans les quatorze, quinze ans, presqu’un homme pour ces gens du voyage. Le père, plus que centenaire il doit commencer à être faiblard du jarret. (À preuve, il fait porter le bois par son fils). Et bien, arrivés sur la montagne, une fois le barbecue installé, le vieillard égrotant se saisit de l’ado en pleine forme, le saucissonne et lui fait prendre la place du mouton… Tu trouves pas qu’il est un peu simplet Isaac pour jouer à ce jeu sans moufter ? Bref, on n’est pas là pour poser des diagnostics psychiatriques. Toujours est-il qu’une fois Isaac ficelé sur le bûcher Abraham prend son grand coutelas pour égorger son « agneau ». Et alors… Et alors… Le Grand Gourou attend cet ultime moment pour mettre fin à ce cruel bizutage. Mais pas en personne. C’est un ange qui vient raconter à Abraham que « bon, ben ça suffit comme ça, Dieu a compris que t’étais prêt à tout pour défendre la cause ». À ce moment, Abraham doit reprendre conscience de la réalité puisqu’il repère, dans le buisson juste à côté un bélier qui s’était emberlificoté les cornes dans les ronces. Ou bien est-ce un nouveau tour du grand Majax ? Quoiqu’il en soit, sale temps pour le bestiau ! Abraham fait ce qu’il croit devoir faire, le bélier fait ce pour quoi il est là ! Manière de peaufiner le boulot, bien lui souligner que s’il obéit au gourou Abraham sera largement récompensé, l’ange revient encore une fois faire miroiter une descendance aussi nombreuse que, au choix, les étoiles du ciel ou le sable de la plage et des conquêtes à n’en plus finir. Whaou !