Distribution compromise
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Ma pomme
On n'en trouve plus guère qu'au marché, sur l'étal de quelques producteurs égarés hors des circuits de grande distribution. Ah, ce ne sont pas des top models… De taille commune, leur peau n'est pas éclatante. Elles ne sont pas fardées et sont même parfois un peu ridées. Mais quand elles offrent leur cœur, il est pur, à la fois tendre et croquant. Et leur parfum naturel est riche de souvenirs de maraudes juvéniles…
Et puis il y a les stars. Celles qui se pavanent sous les projecteurs des gondoles de supermarché. Elles s'enflent dans leur robe aux couleurs étudiées, elles rutilent sous leur maquillage paraffiné. Certaines vont jusqu'à afficher de voyantes étiquettes racoleuses comme d'autres cagoles affichent leurs bijoux de Prisunic et un visage repeint au fond de teint frelaté.
Oui, il y a pomme et pomme.
La mienne appartient à la seconde catégorie.
On ne l'avait pas choisie, mais attrapée d'une main distraite dans une cagette où elle s'affichait avec une dizaine de ses clones, chacune dans son alvéole particulier. Ah la traitresse !
À son âge, elle ne devait ses rondeurs appétissantes qu'à des séjours prolongés en chambre froide. À ce point que sa chair portait comme des stigmates de gelures. De plus, elle faisait de la rétention d'eau et avait perdu toute odeur. Cette vieille peau avait passé tant d'heures sous les sunlights du supermarché que son pépin, abusé par cette chair spongieuse gorgée d'eau, avait commencé sa germination.
Du jamais vu… Tiens regarde si tu m'crois pas !
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Les mésaventures de Tatie Mireille
On peut compatir au désespoir des agriculteurs bretons.
On peut trouver leur colère légitime.
Même si l'on peut discuter des moyens employés, on peut, on doit s'indigner contre leur exploitation par les grandes surfaces.
On peut, avec eux, vilipender un système de distribution régi par la loi du plus riche, au détriment de notre tissu social voire de notre santé.
Cependant, bloquée à Auray dans sa petite auto en compagnie d'une vessie impérieuse, on constate que le cocasse peut l'emporter sur le dramatique et l'on se surprend à sourire…
…et même à franchement rigoler quand on compte à loisir des manifestants très remontés abandonner la barricade pour aller faire leurs commissions… au Centre Leclerc du rond-point.
On se dit alors que, tout éleveur de porcs qu'on soit, on ne fête plus la Saint-Cochon (ℹ)La Saint-Cochon (aussi appelée Saint-Boudin) est une fête traditionnelle rurale française célébrée dans plusieurs régions. Elle débute toujours par l'abattage d'un porc. Ces fêtes s'organisent ensuite autour de la dégustation de charcuterie, de gratons ou de boudin (wikipedia). et que, à l'heure du casse-croûte, on doit aujourd'hui s'en remettre au jambon sous plastique baignant dans l'eau, bourré de sel, d'acidifiant et autres cochonneries (Ah non, même pas !)
Tiens, là, on ne rit plus…
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