Voici l'objet dans son environnement de l'église abbatiale Saint-André-Saint-Léger à Meymac. Je lui trouve un air de suricate au aguets ou de naja prêt à mordre…
…et j'ai une pensée émue pour ces amoureux transis d'antan qui déployaient des trésors de tactique pour passer le porche en même temps que leur dulcinée avec l'espoir de leur effleurer les doigts en leur passant l'eau bénite*…
(*Si quelqu'un pouvait me rappeler le titre de l'ouvrage auquel je fais allusion ?)
Ce matin, à la radio, l'historien Pascal Blanchard dissertait sur la notion d'« islamo-gauchisme ». Emporté par sa verve habituelle, son débit de mitraillette et le choix de ses expressions percutantes il a laissé échapper cette image surréaliste :
« Cette génération, elle est regardée du bout des doigts… »
Ah ! Le rêve de tous les mécaniciens, bricoleurs, ou de quiconque aura un jour laissé tomber sa clé dans les glissières du siège de la voiture…
La ville aura changé plusieurs fois de contenu humain. On ne se souviendra même plus des gens qui se souvenaient encore des gens qui se souvenaient encore de moi. Les enfants de mes enfants auront eu des enfants qui se seront reproduits et ce sera cette génération qui alors vivra. Je vous parle d'un futur dont je me fous, dont je ne sais même pas s'il sera jamais mais je ne peux m'empêcher d'imaginer la gueule de cet univers lorsque j'en serai défalqué. Pour le moment, je peux encore voir, entendre et mes doigts sont assez agiles pour manipuler une tablette. Je fouille mon nuage internet. Je longe mon passé vécu avec tant de désinvolture qu'il n'a parfois laissé aucune empreinte dans mon cerveau. Il repose tout entier dans cette mémoire extérieure qui me survivra. Un passé vécu nonchalamment en crachant à la gueule de l'avenir. À présent, sur l'écran, je le traverse comme un touriste, visitant des jours d'autrefois oubliés d'avoir été vécus du bout des lèvres. Mon nuage est plus lourd que mon cerveau éphémère. J'ai traversé en somnambule les instants qui m'étaient dévolus. Je n'ai pas pris la peine de regarder, d'écouter, de respirer le temps à pleins poumons, d'essayer de le retenir pour en tirer la quintessence comme d'une bouffée de haschich.
On note depuis déjà quelques temps des cas de plus en plus fréquents de digitocrucimanie. Une affection venue des régions anglophones dont les porteurs n'ont pas conscience mais assez pénible à supporter par leur entourage. Tous les milieux et toutes les classes d’âge sont concernés. On note un facteur de risque accru chez les sujets xylotactilomanes. Chez les sujets gestusoralojoncteurs, avec l'âge, la digitocrucimanie peut dégénérer en douloureuse arthrose articulaire. Paradoxalement, cette affection consécutive peut ramener le mal à son seul symptôme oral.
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