Un bon pécore de la cambrousse, Voulant piquer un roupillon, Un jourdé se cloqua en douce Sur un comaco potiron. Oh ! bonit-il en vrai pétzouille, La naturliche a du retard, D’coller cette mastard’ citrouille À la hauteur de mes panards, Au lieu d’la laisser à la traine À s’ faire amocher d’un coup d’ flan. Mézigue l’aurait pendue au chêne Dont j’aurais balancé les glands. Mais voilà, mézigue est mariol, Et la naturlich’ manque de toc ; Tout c’qu’ elle fabrique est tartignolle, Faudrait chanc’tiquer tout en bloc. Tandis qu’il pétarde et ramène Sa fraise, en s’arrachant les tifs, D’un coup d’zef, décarrant du chêne, Un gland lui dingue sur le pif. Se filant la pogne aux narines, Le glaiseux reste tout dingo Bafouillant : « Dans cette combine, Mézigue doit s’estimer vergeot ». La naturlich’, quoi qu’on débloque, A bien gambergé son boulot ; Ceux qui charrient sont des cinoques, Ce gland vient d’ m’ouvrir les calots. Car je bigle déjà ma bouille. Comment qu’ j’aurais été marron Si ç’avait été la citrouille Qui m’ soit tombé sur l’ carafon. Moralité Ne charriez jamais avec des boniments, Ca vous retombe un jour sur le coin du tournant. |
Dieu fait bien ce qu'il fait. Sans en chercher la preuve En tout cet Univers, et l'aller parcourant, Dans les Citrouilles je la treuve. Un villageois considérant, Combien ce fruit est gros et sa tige menue : À quoi songeait, dit-il, l'Auteur de tout cela ? Il a bien mal placé cette Citrouille-là ! Hé parbleu ! Je l'aurais pendue À l'un des chênes que voilà. C'eût été justement l'affaire ; Tel fruit, tel arbre, pour bien faire. C'est dommage, Garo, que tu n'es point entré Au conseil de celui que prêche ton Curé : Tout en eût été mieux ; car pourquoi, par exemple, Le Gland, qui n'est pas gros comme mon petit doigt, Ne pend-il pas en cet endroit ? Dieu s'est mépris : plus je contemple Ces fruits ainsi placés, plus il semble à Garo Que l'on a fait un quiproquo. Cette réflexion embarrassant notre homme : On ne dort point, dit-il, quand on a tant d'esprit. Sous un chêne aussitôt il va prendre son somme. Un gland tombe : le nez du dormeur en pâtit. Il s'éveille ; et portant la main sur son visage, Il trouve encor le Gland pris au poil du menton. Son nez meurtri le force à changer de langage ; Oh, oh, dit-il, je saigne ! et que serait-ce donc S'il fût tombé de l'arbre une masse plus lourde, Et que ce Gland eût été gourde ? Dieu ne l'a pas voulu : sans doute il eut raison ; J'en vois bien à présent la cause. En louant Dieu de toute chose, Garo retourne à la maison. |