Ciel de l'aube
Chaque lundi matin, en ouvrant mes fenêtres, me viennent les mêmes interrogations qu’à Jean Richepin observant les Oiseaux de passage :
…tout là-haut dans l'espace
Si haut qu'il semble aller lentement, un grand vol
En forme de triangle arrive, plane et passe
Où vont-ils ? Qui sont-ils ? Comme ils sont loin du sol !
Oui, de quelle Mamounia idyllique, de quelle Djerba-la-douce, de quelle oasis secrète reviennent donc ces gros oiseaux à réaction ?
Et les saveurs exotiques, toutes ces senteurs de l'Afrique qu'ils ramènent précautionneusement dans leurs flancs conditionnés ; dans les salons de quel Ministère ou sur la table de quel Palace viendront-elles agrémenter les créations picturales de grands Chefs étoilés ?
Puis, immanquablement, ces rêveries paradisiaques sont embarbouillées par cette triviale question méphitique :
Est-il réellement possible que ces sillages évanescents qui viennent zébrer nos aurores glorieuses ne soient en fait que les résidus vénéneux de tonnes de kérosène ?
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