Ces néologismes qui m’agacent…
« Nous vivons une époque où l’on se figure qu’on pense dès qu’on emploie un mot nouveau. On ne sait pas le tiers du quart des mots de la langue française et on va en chercher dans des modes prétentieuses… »Alexandre Vialatte
Rez-de-jardin
À quel étage étaient donc installés les jardins de Babylone ?
Suréquipé
Surchauffé : trop chaud. Désagréable
Surexcité : trop énervé. À éviter
Surpeuplé : trop de monde. À fuir
Surtaxé : trop imposé. Ne pas acheter
Bref, vous pouvez allonger la liste mais le préfixe « sur » est, d’une manière générale, bel et bien connoté négativement, voire péjoratif.
Sauf pour les « communicants » des marques automobiles, dont chaque spot publicitaire démontre l’immense culture, qui font de « suréquipé » le superlatif absolu.
Diagnostic
Tous toubibs !
Le chasseur de vermine pose des « diagnostics termites »… Le plombier émet des « diagnostics plomb ». Le chauffagiste établit un « diagnostic isolation », après avoir dressé l’inévitable « diagnostic amiante ». Jusqu’aux pépiniéristes qui proposent des « diagnostics paysagers ».
J’aurais bien l’idée d’un diagnostic supplémentaire, mais comme aurait dit de Gaulle, ce serait un bien vaste programme !
D’autres exemples suivront, hélas…
De tous les dangers qui menacent une langue, les cuistres sont le pire. Jusqu’ici, la langue évoluait par le parler populaire. Les classes pauvres, non instruites, constituaient l’immense majorité de la population, leur pression linguistique était énorme, les classes dirigeantes étaient bien obligées de suivre, vaille que vaille, à leur corps défendant…
Fini, tout ça. L’homme d’aujourd’hui passe plus de temps à écouter sa télé ou son transistor qu’à discuter le coup avec ses copains. Il absorbe, sans s’en rendre compte, et restitue quand son tour vient de parler. Le parler du peuple n’est plus créatif, il est imitatif. Et il imite quoi ? Il imite le parler de la télé et de la radio, qui est le parler des présentateurs (ça irait encore), des reporters sportifs, des publicitaires, des hauts et moyens fonctionnaires, des hommes politiques… Ce qui distingue (!) tous ces parlers, c’est la pauvreté du vocabulaire, la syntaxe de rapport de gendarme et surtout la distinction affectée.
Et peu à peu, tout le monde se met à parler ce langage terne, morne enfilade de clichés stéréotypés (tiens, ça serait pas un pléonasme, ça, Tonton François ?) qui n’habille plus le vide de la pensée de cette gouaille familière qu’au moins le peuple sécrétait.
Oh, ce qu’ils nous font du mal, les singes savants ! Ce n’est pas la faute au franglais si le langage de tous les jours prend cet air de trou du cul figé autour de formules comme « au plan de », « dans le cadre de », « au niveau de », si des mots alertes et sonnant bien, tels « choisir », « résoudre », « toucher », disparaissent, chassés par les hideux « sélectionner », « solutionner », « contacter »…Extrait de « De Coluche à Mitterrand », François Cavanna – L’Archipel
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