Fin de campagne
Reçu, au courrier, hier matin ce qu’il est convenu d’appeler le « matériel électoral ». J’ai étalé tous ces prospectus sur la table de la salle à manger, comme on le ferait pour choisir parmi des échantillons de papier peint. Au fil du temps ces imprimés gagnent en esthétisme autant qu’en qualité d’impression.
La contemplation de ce trombinoscope m’a remis en mémoire ce texte du photographe Nadar.
« Veut-on contempler l'infatuation masculine poussée jusqu'à la folie ?
Quelle démonstration plus explicite, cette inexplicable inconscience de certains candidats, politiciens professionnels qui ont imaginé, comme suprême, décisif moyen d'entraînement, d'adresser à leurs électeurs leur photographie, leur propre image de marchands de paroles ?
Quelle vertu d'attraction ces gens-là peuvent-ils donc supposer en leurs visages honteux, où toutes les bassesses, toutes les laideurs humaines s'arborent, où suent la bassesse, l'ignominieux mensonge, et toutes les dénonciations physio gnostiques [sic] de la duplicité, de la convoitise, du péculat, de la déprédation ?
N'est-elle pas le comble de la monomanie égotique, cette hallucination qui ne doute pas d'enlever le suffrage de tous les cœurs par la présentation de pareils museaux ? »
Nadar – Photographe – (1820-1910)
In "Quand j'étais photographe"
Chez Ernest Flammarion, 1899
Pour pimenter cette rude interprétation, j’ai mesuré la surface approximative de tous ces visages. On obtient ainsi, de gauche à droite et de bas en haut, en cm² :
500 – 294 – 234 – 228 - 208
198 - 150 – 126 – 80 – 56
Voilà, voilà,
C’était ma contribution à une campagne électorale de haute tenue.
vues | | Partager sur : | |