Colin le branquignolle, un jeune et bon pétrousse Gardait un jourdé en cambrousse, Un grand troupeau de lachevées Quand radina un autre dingue Pourvu d’un clebs et d’un vieux flingue, Qui biglait dans tous les loinqués Pour y dégauchir un civet À se filer sous les crochets. – Pose les dés, mon pote, lui jaspina Colin ; Tu vas zieuter sur mes bestioles, Et mézigue avec mes guibolles, Va s’occuper de ton turbin… Voila donc Colin le billot Qui décarre avec le cabot Pour que son aminche un peu cloche, Se tape un loubem de bidoche. – Soudain, devant ses chasses passe un giblot mastard. Il vise, il tire, et ran, il occis son clébard Qui chancetique dans le fossé, À tout jamais ratatiné. – Pas vergot, dit Colin, pour un coup je me gourre. Mais je dois renquiller, je vais être à la bourre. – Son flingue n’ayant plus de pruneaux, Il radina vers son troupeau. – Celui-ci avait mis les voiles, Son gardien ronflant aux étoiles. – Colin eu beau gaffer, débrider ses carreaux : Que dalle, des lachevées il ne restait que peau. – Le pôvre, s’arrachant les tifs, À sa piaule cavala de rif, Tout débloquer à son daron Qui le dérouilla d’un marron, Lui bavant aux esgourdes : « lorsque l’on est miro, On se planque dans sa carrée. Que chaque mec fasse son boulot Les lachevées seront bien gardées |
"center">) Jean-Pierre Claris de FLORIAN (1755 – 1794) Colin gardait un jour les vaches de son père ; Colin n'avait pas de bergère, Et s'ennuyait tout seul. Le garde sort du bois : Depuis l'aube, dit-il, je cours dans cette plaine Après un vieux chevreuil que j'ai manqué deux fois Et qui m'a mis tout hors d'haleine. Il vient de passer par là-bas, Lui répondit Colin : mais, si vous êtes las, Reposez-vous, gardez mes vaches à ma place, Et j'irai faire votre chasse ; Je réponds du chevreuil. - Ma foi, je le veux bien. Tiens, voilà mon fusil, prends avec toi mon chien, Va le tuer. Colin s'apprête, S'arme, appelle Sultan. Sultan, quoiqu'à regret, Court avec lui vers la forêt. Le chien bat les buissons ; il va, vient, sent, arrête, Et voilà le chevreuil… Colin impatient Tire aussitôt, manque la bête, Et blesse le pauvre Sultan. À la suite du chien qui crie, Colin revient à la prairie. Il trouve le garde ronflant ; De vaches, point ; elles étaient volées. Le malheureux Colin, s'arrachant les cheveux, Parcourt en gémissant les monts et les vallées ; Il ne voit rien. Le soir, sans vaches, tout honteux, Colin retourne chez son père, Et lui conte en tremblant l'affaire. Celui-ci, saisissant un bâton de cormier, Corrige son cher fils de ses folles idées, Puis lui dit : chacun son métier,
Les vaches seront bien gardées. |