Madamemina, le catalogue est celui-ci Des beautés qu'aimait mon maître Un catalogue j'ai fait Observez, lisez avec moi Observez, lisez avec moi
En Italie six cent quarante En Allemagne deux cent trente Cent en France, en Turquie quatre-vingt-onze Mais en Espagne Mais en Espagne il y en a déjà mille trois Mille trois, aha ! Mille et trois
Parmi ces paysannes, bonnes, citadines, il y a des comtesses, des baronnes, des marquises, des princesses Et il y a des femmes de tout rang, de toute forme, de tout âge De toute forme, de tout âge
Le 7 décembre, Mac Beth de Verdi, mis en scène par Davide Livermore donne le coup d’envoi de la saison lyrique de la Scala de Milan. Avec Anna Netrebko et Luca Salsi dans le rôle des époux maudits.
Le Mot du Jour critique :
La tendance est au « rimèque »… On parle beaucoup en ce moment d'un tout nouveau « West side story ». Vu hier soir, sur ARTE une autre forme de remake. La saison lyrique de la Scala de Milan ouvrait avec « Mac Beth », de Verdi. Un opéra de trois heures plutôt ardu dont je ne pensais pas un jour voir le bout. C'était sans compter sur les ressources de la mise en scène moderne. Bien sûr, il y a la scène de la Scala où peuvent évoluer ensemble chœurs, corps de ballet et chanteurs… pas loin sans doute🛈Vous avez remarqué cette manière de dire « sans doute », justement pour exprimer qu'il y en a un ? de la centaine de personnes… Un écran géant pour fond de scène pour des décors tantôt réalistes, tantôt oniriques. Une machinerie met en œuvre praticables et ascenseurs qui permettent, comme dans une BD, de « lire » plusieurs cases simultanément ou d'offrir des perspectives vertigineuses. Et puis, on est à la télévision : on a la scène en plein écran où les sous-titres s'impriment à la place de la fosse d'orchestre… Bref, ils nous ont fait de l'intemporelle tragédie de Shakespeare un très actuel téléfilm fort bien léché… Quelques sifflets, au final, ont bien sanctionné cette rupture avec les décors en contreplaqué, les reconstitutions en costumes d'époque ou le remplacement des ballerines en tutu par les gesticulations désarticulées d'anonymes Pierrots lunaires figurants les sorcières shakespeariennes… Mais bon…
Le Mot du Jour décerne et pardonne à Guiseppe de l'avoir fait coucher après la minuit…
Une note de Wikipédia
Macbeth est la plus courte des tragédies de Shakespeare et l'une de ses plus populaires : de nombreux acteurs de renom ont interprété les rôles de Macbeth et Lady Macbeth, et ses adaptations dans d'autres médias sont nombreuses. Une superstition théâtrale veut qu'elle soit maudite et qu'il faille plutôt l'appeler « la pièce écossaise » que prononcer son nom sur scène.
Ça a de faux airs de « l'Artilleur de Metz » ; mais non… Pourtant, quand j'ai entendu cet air martial sur… France musique (!) il me semblait bien avoir déjà entendu cette scie quelque part…
Car, finalement, ce qui est bel et bon pour l'Opéra de Lyon (ci-contre) doit bien être transposable… Et puis, Antonio Fischetti de Charlie Hebdo me conforte dans mon projet : « On pourrait même laisser les ruines en l'état. Le cachet d'un vestige est parfois plus émouvant qu'un truc en toc qui singe l'ancien. Et pourquoi pas Notre-Dame à ciel ouvert ? Ou avec un toit en verre transparent ? Personne n'a encore lancé l'idée (voilà qui est fait !), mais ce serait au moins un beau moyen de ne plus se faire chier pendant la messe, en contemplant le ciel plutôt que les encensoirs ».
Ça ne peut pas faire de mal par les temps qui courent…
Après que Jean-Pierre Pernaut m’eût informé des vicissitudes du monde aussi bien que des derniers potins du marché de Méailles (05) j’ai zappé sur Arte qui m’a accroché la rétine…
Bref, hier après-midi, j'ai abandonné le chantier…
Je ne le regrette pas.
Mélancolie ouvrière. Les 15 premières minutes
Vidéo 15 mn 5 s.– Lucie Baud (Virginie Ledoyen) est une figure oubliée de la lutte ouvrière. À travers une fiction engagée et émouvante, Gérard Mordillat, s’appuyant sur le travail de l’historienne Michelle Perrot, retrace le destin d’une des premières femmes syndicalistes, féministe avant l’heure. L'émotion passe par la musique de Jean-Claude Petit, fidèle complice du réalisateur, et la place qu’elle accorde aux chansons fredonnées ou chantées par les personnages, qui du Temps des cerises au Va, pensiero de Verdi, se font les miroirs de leurs sentiments.
Résumé de l’épisode précédent : Moïse reste en conclave quarante jours avec le Très-Haut (sur la montagne). Il consigne par le moindre détail le cahier des charges relatif à l'érection de la Maison de Dieu. Il prendra par la suite un peu d'exercice en redescendant les tables de la loi gravées dans le roc dans ses petits bras musclés.
Quarante jours, autant dire le temps d’un déluge, d'un isolement sanitaire, ça fait quand même un peu long quand tu attends ton Directeur des opérations parti en goguette avec le Président ! Et le peuple d'Israël s'impatiente très sérieusement. Si bien que la plèbe, se sentant abandonnée, se prend à élaborer un plan B. Ils viennent en délégation en faire part à Aaron, Directeur par intérim. Ils ont trouvé une solution plutôt radicale, les enfants d'Israël ! En substance, ça donne : « Écoute Aaron : on avait un leader. Un vrai. Un meneur d'hommes qui nous avait exfiltrés d'Égypte, qui nous a fait traverser la mer à pied sec, qui a fait pleuvoir des ortolans et qui n'a eu qu'à lever les petits doigts (au bout des bras quand même…) pour mettre la pâtée à Amalek. Enfin un vrai bon qu'on aurait suivi jusqu'au bout du monde. Et le voilà qui nous laisse quimper sans crier gare ! Alors comme tu es son second, tu vas nous fabriquer un Dieu de rechange que l'on pourra suivre à nouveau ». Il doit pas être loin d'être d'accord avec le petit peuple, Aaron puisqu'aussitôt il réquisitionne toutes les boucles d'oreille en or. Il jette toute cette joncaille dans un moule et il en résulte la statue d'un veau. Pourquoi un veau ? Me demanderas-tu. Et je te répondrai : pourquoi pas un veau ? Non mais c'est vrai quoi ! Tu crois qu'Aaron il avait pu emporter les moules de toute la création dans son sac à dos ? Il avait le moule d'un veau, il fabrique un veau. C'est pas plus compliqué. Et voilà comment le nouveau dieu des Hébreux, c'est un Veau d'or. Allez, je lui mets une majuscule pour l'occasion !
Une nouvelle idole, ça se fête. Dès le lendemain matin, au prétexte d'actions de grâce, on immole quelques moutons et l'on se refait une grande fiesta. On mange, on boit, on rigole ! En voyant ça, l'Éternel (le vrai) entre dans une rogne noire. « Oh, nom de Moi ! Moïse, regarde-moi cette bande de Têtes raides, qu'à peine tu tournes le dos et ils s'en vont faire des beaux holocaustes bien odorants à la gloire du premier enfant de bovin venu ! Et qu'ils prétendent même que c'est ce bestiau qui les aurait sortis d'Égypte ! Laisse-moi faire. Ils m'ont fait monter la colère : je m'en vais te les carboniser recta ! » Moïse, il voit bien que c'est pas de l'esbroufe. Il est réellement remonté le Boss. Il se lance alors dans une adroite plaidoirie en faveur des mauvais sujets. « Allons, allons, mon Éternel… Faut pas s'emballer comme ça. Imagine, de quoi on aurait l'air ? Je les entends ricaner d'ici, les Égyptiens : Visez-moi un peu le baltringue ! Il s'est donné un mal de chien pour les faire sortir – C'est pour leur bien qu'y disait – et voilà, c'était pour mieux les exterminer une fois dans les montagnes. Tu vas te taper la honte, Très-Haut, c'est sûr. Et pis rappelle toi un peu ce que tu as seriné aux anciens Abraham, Isaac, Jacob-dit-Israël comme quoi tu jurais de leur donner une descendance pléthorique et que tu les installerais au pays de Cocagne… Je serais toi, j'y regarderais à deux fois… »
Ben trovato Moïse ! Dieu refoule ses pulsions napalmesques et se repent même de ses déclarations trucidaires.
Le Mot du Jour est une vidéo qui m’a été transmise par Alexandre. Merci Nénesse ! Je ne pouvais pas ne pas l’inclure à cette chronique tant elle correspond à sa ligne éditoriale.
Silvio Berlusconi renversé par Giuseppe Verdi
L’Italie fêtait le 150e anniversaire de sa création et à cette occasion fut donnée, à l’opéra de Rome, une représentation de l’opéra le plus symbolique de cette unification : “Nabucco” de Giuseppe Verdi, dirigé par Riccardo Muti. “Nabucco” est une œuvre autant musicale que politique : elle évoque l'épisode de l'esclavage des juifs à Babylone, et le fameux chant « Va pensiero » est celui du Chœur des esclaves opprimés. En Italie, ce chant est le symbole de la quête de liberté du peuple, qui dans les années 1840 – époque où l'opéra fut écrit – était opprimé par l'empire des Habsbourg, et qui se battit jusqu'à la création de l’Italie unifiée. Avant la représentation, Gianni Alemanno, le maire de Rome, est monté sur scène pour prononcer un discours dénonçant les coupes dans le budget de la culture du gouvernement. Et ce, alors qu’Alemanno est un membre du parti au pouvoir et un ancien ministre de Berlusconi. Cette intervention politique, dans un moment culturel des plus symboliques pour l’Italie, allait produire un effet inattendu, d’autant plus que Sylvio Berlusconi en personne assistait à la représentation… Repris par le Times, Riccardo Muti, le chef d'orchestre, raconte ce qui fut une véritable soirée de révolution : « Au tout début, il y a eu une grande ovation dans le public. Puis nous avons commencé l’opéra. Il se déroula très bien, mais lorsque nous en sommes arrivés au fameux chant “Va Pensiero”, j’ai immédiatement senti que l’atmosphère devenait tendue dans le public. Il y a des choses que vous ne pouvez pas décrire, mais que vous sentez. Auparavant, c’est le silence du public qui régnait. Mais au moment où les gens ont réalisé que le “Va Pensiero” allait démarrer, le silence s’est rempli d’une véritable ferveur. On pouvait sentir la réaction viscérale du public à la lamentation des esclaves qui chantent : « Oh ma patrie, si belle et perdue ! ». Alors que le Chœur arrivait à sa fin, dans le public certains s’écriaient déjà : « Bis ! » Le public commençait à crier « Vive l’Italie ! » et « Vive Verdi ! » Des gens du poulailler (places tout en haut de l’opéra) commencèrent à jeter des papiers remplis de messages patriotiques, certains demandant « Muti, sénateur à vie ». Bien qu’il l’eut déjà fait une seule fois à La Scala de Milan en 1986, Muti hésita à accorder le « bis » pour le “Va pensiero”. Pour lui, un opéra doit aller du début à la fin. « Je ne voulais pas faire simplement jouer un bis. Il fallait qu’il y ait une intention particulière », raconte-t-il. Mais le public avait déjà réveillé son sentiment patriotique. Dans un geste théâtral, le chef d’orchestre s’est alors retourné sur son podium, faisant face à la fois au public et à M. Berlusconi, et voilà ce qui s'est produit : après que les appels pour un « bis » du “Va Pensiero” se sont tus, on entendit dans le public : « Longue vie à l'Italie ! »
Riccardo Muti
C’est alors qu’il invita le public à chanter avec le Chœur des esclaves. « J’ai vu des groupes de gens se lever. Tout l’opéra de Rome s’est levé. Et le Chœur s’est lui aussi levé. Ce fut un moment magique dans l’opéra ». « Ce soir-là fut non seulement une représentation du Nabucco, mais également une déclaration du théâtre de la capitale à l’attention des politiciens ».