Chatteries
J’ai déjà eu l’occasion de confesser ici que j’écrasais chaque matin nombre de chatons-mignons (sur Face Book s’entend !). Aujourd’hui, ce partage d’une récente lecture me permettra peut-être de me faire pardonner ce massacre quotidien :
« Spectaculaire, le chat lui offrait une fabuleuse parade où il constituait un zoo à lui tout seul : tigre lorsqu'il baillait, guépard quand il s'étirait, il bombait le dos et devenait dromadaire; en guettant ses proies, il virait au lion, gonflait son jabot de grand-duc, démarrait plus vite que l'antilope, sautait en crapaud, empruntait la fixité du lézard, grattait aussi profond qu'un renard, puis se transformait en écureuil dès qu'il jouait avec une noisette entre les pattes; épuisé, il s'aplatissait alors comme une limace.
De temps en temps, pour l'intriguer davantage, il se risquait à des métamorphoses humaines : passant et repassant ses coussinets roses sur son museau, il évoquait un innocent bébé à sa toilette ; ou bien, la cuisse dressée vers le ciel, occupé à se lécher le bas-ventre, il se risquait à des figures de french cancan, atteignait l'indécence sulfureuse d'une Nini Patte-en-l'air qui réussit le « port d'armes ».
Éric-Emmanuel Schmitt
La vengeance du pardon – 2017
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