D’une petite structure fondée en 1945, satellite du Parti communiste français (PCF), il avait fait l’une des plus grandes organisations caritatives de France, tout entière vouée à la solidarité envers les plus pauvres et les plus fragiles. Julien Lauprêtre, président du Secours populaire français (SPF), est mort vendredi 26 avril 2019, à Paris. Il avait 93 ans et présidait aux destinées de cette association depuis 1955.
Toujours affable, large sourire, regard pétillant, Julien Lauprêtre était un homme d’engagement.
Il était né le 26 janvier 1926, dans le 12e arrondissement de Paris. Fils d’un cheminot, militant syndical et communiste, il devint apprenti miroitier après l’obtention de son certificat d’étude. Arrive la guerre. À l’instar de son père qui a rejoint la Résistance, le jeune Julien forme un groupe avec des copains du 12e arrondissement dans le but de s’opposer à l’occupant. Il rejoint l’organisation clandestine des Jeunesses communistes. « Au début, on changeait l’orientation des panneaux de signalisation pour perdre l’occupant allemand », racontait-il. Avant de passer à des opérations de propagande plus importantes, comme des prises de paroles dans les cinémas ou des lâchers de tracts à vélo.
Arrêté en novembre 1943, il est incarcéré à la prison de la Santé, à Paris, où il partage pendant huit jours la cellule de Missak Manouchian et des figures de l’Affiche rouge. Libéré au bout de quatre mois, il est sommé de s’inscrire au service du travail obligatoire (STO) et de partir en Allemagne. Ce qu’il refuse. Il quitte alors Paris pour Lyon, où il se cache dans sa famille. À l’été 1944, il revient dans la capitale et prend part aux combats d’août 1944.
Après la Libération, devenu l’un des responsables nationaux de l’Union de la jeunesse républicaine de France (UJRF) – appellation de l’organisation des Jeunesses communistes à cette époque – il travaille dans différentes entreprises de miroiterie, avant de devenir, en 1951, permanent du PCF. C’est en 1954, qu’à la demande du parti, il devient secrétaire administratif du Secours populaire français, avant d’être élu secrétaire général un an plus tard. De ce jour et jusqu’à sa mort, il en sera la figure emblématique.
Dès lors, avec Julien Lauprêtre, l’association réputée antenne du PCF, prend une nouvelle tournure. L’action humanitaire prend le dessus sur l’action politique. « C’est là que j’ai retrouvé la suite de ce que j’ai fait dans la Résistance », disait-il. Tout en demeurant dans le giron du parti, l’association consacre ses forces à la lutte contre la pauvreté, et s’ouvre à d’autres horizons de pensée que ceux liés au PCF. Ainsi, en 1959, après la rupture du barrage de Malpasset, au-dessus de Fréjus (Var), qui provoque la mort de 423 personnes, le Secours pop’, comme on désignait l’association, lance une grande campagne d’aide aux victimes.
S’il n’a jamais renié son attachement au PCF, dont il fut membre du comité central, Julien Lauprêtre, qu’un journaliste avait surnommé « l’abbé Pierre laïc », citait en exergue de son engagement cette phrase de Louis Pasteur : « Je ne te demande pas quelle est ta race, ta nationalité ou ta religion, mais quelle est ta souffrance ».
Julien Lauprêtre en avait fait une sorte de vade-mecum dont il ne s’est jamais départi. « Jusqu’au bout il a été présent », a affirmé Corinne Makowski, secrétaire nationale de l’association.
L’aide aux enfants défavorisés était une des actions qui tenait le plus à cœur au numéro un du SPF. Il avait été à l’initiative de la Journée des oubliés des vacances, qui, chaque été, permet à des enfants des cités d’aller à la mer, et aussi les Pères Noël verts, en faveur des familles pauvres.
Parmi les hommages, outre ceux de Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) pour qui « le Secours populaire et les pauvres perdent leur voix majeure », du maire adjoint de Paris, Ian Brossat (PCF), « il était la générosité faite homme », de Christian Estrosi, maire de Nice (Les Républicains) qui salue « un combattant de l’espoir, de la solidarité et de la dignité », il y a celui de Christophe Robert, directeur général de la Fondation Abbé-Pierre : « De la question alimentaire à celle des vacances, on mesure bien avec son action ce que veut dire la pauvreté, le sentiment d’être hors-jeu, de ne pas pouvoir faire comme les autres ».
Source : www.lemonde.fr.
Toujours affable, large sourire, regard pétillant, Julien Lauprêtre était un homme d’engagement.
Il était né le 26 janvier 1926, dans le 12e arrondissement de Paris. Fils d’un cheminot, militant syndical et communiste, il devint apprenti miroitier après l’obtention de son certificat d’étude. Arrive la guerre. À l’instar de son père qui a rejoint la Résistance, le jeune Julien forme un groupe avec des copains du 12e arrondissement dans le but de s’opposer à l’occupant. Il rejoint l’organisation clandestine des Jeunesses communistes. « Au début, on changeait l’orientation des panneaux de signalisation pour perdre l’occupant allemand », racontait-il. Avant de passer à des opérations de propagande plus importantes, comme des prises de paroles dans les cinémas ou des lâchers de tracts à vélo.
Arrêté en novembre 1943, il est incarcéré à la prison de la Santé, à Paris, où il partage pendant huit jours la cellule de Missak Manouchian et des figures de l’Affiche rouge. Libéré au bout de quatre mois, il est sommé de s’inscrire au service du travail obligatoire (STO) et de partir en Allemagne. Ce qu’il refuse. Il quitte alors Paris pour Lyon, où il se cache dans sa famille. À l’été 1944, il revient dans la capitale et prend part aux combats d’août 1944.
Après la Libération, devenu l’un des responsables nationaux de l’Union de la jeunesse républicaine de France (UJRF) – appellation de l’organisation des Jeunesses communistes à cette époque – il travaille dans différentes entreprises de miroiterie, avant de devenir, en 1951, permanent du PCF. C’est en 1954, qu’à la demande du parti, il devient secrétaire administratif du Secours populaire français, avant d’être élu secrétaire général un an plus tard. De ce jour et jusqu’à sa mort, il en sera la figure emblématique.
Dès lors, avec Julien Lauprêtre, l’association réputée antenne du PCF, prend une nouvelle tournure. L’action humanitaire prend le dessus sur l’action politique. « C’est là que j’ai retrouvé la suite de ce que j’ai fait dans la Résistance », disait-il. Tout en demeurant dans le giron du parti, l’association consacre ses forces à la lutte contre la pauvreté, et s’ouvre à d’autres horizons de pensée que ceux liés au PCF. Ainsi, en 1959, après la rupture du barrage de Malpasset, au-dessus de Fréjus (Var), qui provoque la mort de 423 personnes, le Secours pop’, comme on désignait l’association, lance une grande campagne d’aide aux victimes.
S’il n’a jamais renié son attachement au PCF, dont il fut membre du comité central, Julien Lauprêtre, qu’un journaliste avait surnommé « l’abbé Pierre laïc », citait en exergue de son engagement cette phrase de Louis Pasteur : « Je ne te demande pas quelle est ta race, ta nationalité ou ta religion, mais quelle est ta souffrance ».
Julien Lauprêtre en avait fait une sorte de vade-mecum dont il ne s’est jamais départi. « Jusqu’au bout il a été présent », a affirmé Corinne Makowski, secrétaire nationale de l’association.
L’aide aux enfants défavorisés était une des actions qui tenait le plus à cœur au numéro un du SPF. Il avait été à l’initiative de la Journée des oubliés des vacances, qui, chaque été, permet à des enfants des cités d’aller à la mer, et aussi les Pères Noël verts, en faveur des familles pauvres.
Parmi les hommages, outre ceux de Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) pour qui « le Secours populaire et les pauvres perdent leur voix majeure », du maire adjoint de Paris, Ian Brossat (PCF), « il était la générosité faite homme », de Christian Estrosi, maire de Nice (Les Républicains) qui salue « un combattant de l’espoir, de la solidarité et de la dignité », il y a celui de Christophe Robert, directeur général de la Fondation Abbé-Pierre : « De la question alimentaire à celle des vacances, on mesure bien avec son action ce que veut dire la pauvreté, le sentiment d’être hors-jeu, de ne pas pouvoir faire comme les autres ».
Source : www.lemonde.fr.