À mes vieilles tatanes
Au prétexte qu'elles ne sont plus toutes jeunes, on voudrait que je sacrifie mes confortables charentaises sur l'autel de l'élégance !…
Non mais ! Ce serait folie… Quand un connait la renommée acquise par Diderot grâce a sa vieille roupane !
« Pourquoi ne l’avoir pas gardée ? Elle était faite à moi ; j’étais fait à elle.[…] Un livre était-il couvert de poussière, un de ses pans s’offrait à l’essuyer. L’encre épaissie refusait-elle de couler de ma plume, elle présentait le flanc. On y voyait tracés en longues raies noires les fréquents services qu’elle m’avait rendus. Ces longues raies annonçaient le littérateur, l’écrivain, l’homme qui travaille. À présent, j’ai l’air d’un riche fainéant ; on ne sait qui je suis ».
Souvenir indélébile du temps des dictées /questions quotidiennes de M. Gaudillère, maître du CM2 à l’École publique de la rue Tissot à Lyon.
« Y a des trucs comme ça qui nous reviennent ; on se demande pourquoi. Oui, bien pourquoi les insignifiances des jours se refusent à naufrager dans nos mémoires. Pourquoi elles restent collées au talon des souvenirs comme des chewing-gum…» San-Antonio in «Baise-ball à la Baule » – 1980 |
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M. Gaudillère corrigeait volontiers les manquements par la méthode du coup de règle sur les doigts. Il ne l’a fait qu’une fois sur ma personne, car mon grand-père maternel, qui m’a élevé, s’est rendu à l’école dès qu’il l’a appris pour protester vigoureusement auprès de l’instituteur et de son directeur. J’ai été surpris de cette réaction de mon aïeul, d’ordinaire très pacifique, à une époque où les châtiments corporels en milieu scolaire, bien qu’interdits (règlement de 1882), se pratiquaient encore.