Un jourdé, sur ses quilles avec ses longs panards Le héron au long pif, se croyant malabar, Lézardait au bord de la flotte. - La lance était gironde, on s’y biglait l’portrait Et la carpuche y chamboulait Avec le broch’ton son vieux pote. - Le héron aurait pu se bégaler avec, Car son estom’ avait des crampes, Et qu’il pouvait de rif s’en fourrer plein la lampe Au lieu de tomber sur un bec. - Mais il était cresson, et bouffait à ses plombes, Débloquant comme un vrai tordu : « Il y a bien assez de pescal’s dans le jus Pour que briffer je me bombe. » - Une tanche montra sa bouille. - Bon pour les loquedus, bonit-il en loucedé. Mézigue aime mieux la péter Que de croquer cette tambouille. - Puis notre cave vit un goujon. - Du goujon pour ma pomme ? Tu charries papillon Ce n’est vraiment pas une affure. Gaffons dans un autre loinqué. - Mais les pescals s’étaient triqués Et notre cafouilleux du s’mettre la ceinture Moralité À vouloir trop faire le poireau On se tape des bigorneaux.
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Un jour, sur ses longs pieds, allait je ne sais où, Le Héron au long bec emmanché d'un long cou. Il côtoyait une rivière. L'onde était transparente ainsi qu'aux plus beaux jours ; Ma commère la carpe y faisait mille tours Avec le brochet son compère. Le Héron en eût fait aisément son profit : Tous approchaient du bord, l'oiseau n'avait qu'à prendre ; Mais il crut mieux faire d'attendre Qu'il eût un peu plus d'appétit. Il vivait de régime, et mangeait à ses heures. Après quelques moments l'appétit vint : l'oiseau S'approchant du bord vit sur l'eau Des Tanches qui sortaient du fond de ces demeures. Le mets ne lui plut pas ; il s'attendait à mieux Et montrait un goût dédaigneux Comme le rat du bon Horace. Moi des Tanches ? dit-il, moi Héron que je fasse Une si pauvre chère ? Et pour qui me prend-on ? La Tanche rebutée il trouva du goujon. Du goujon ! c'est bien là le dîner d'un Héron ! J'ouvrirais pour si peu le bec ! aux Dieux ne plaise ! Il l'ouvrit pour bien moins : tout alla de façon Qu'il ne vit plus aucun poisson. La faim le prit, il fut tout heureux et tout aise De rencontrer un limaçon. Ne soyons pas si difficiles : Les plus accommodants ce sont les plus habiles : On hasarde de perdre en voulant trop gagner. Gardez-vous de rien dédaigner ; Surtout quand vous avez à peu près votre compte. Bien des gens y sont pris ; ce n'est pas aux Hérons Que je parle ; écoutez, humains, un autre conte ; Vous verrez que chez vous j'ai puisé ces leçons. |