Je cherche mes sou-sous pour payer ma botte de carottes au Marché Carrefour (oui, je suis les directives de Jacques All Good), quand la ménagère suivante, qui a fini de saturer le tapis roulant demande à la caissière l'hôtesse de caisse : – Y faut aller au bureau pour décagnotter ? (Ah ! Je vois que le correcteur d'orthographe est aussi perplexe que moi…) Décagnotter ? Ça à la consonance de « décaniller » de notre argot de colonie de vacances : décamper, déguerpir… Ou bien ce « cagnot » aurait-il une lointaine parenté avec le cagoince ? Et dans ce cas, pourquoi au bureau ? J'en suis là de mes recherches étymologiques quand la caissière rassure la cliente : – Non, non, vous pouvez le faire là ! Une réponse qui met à mal mes hasardeuses hypothèses ; puis elle enchaîne en dissertant sur le montant de sa cagnotte. Ce n'est qu'une vérification sur Wikipédia qui me prouvera que, si la fabrication du verbe « décagnotter » peut paraître novatrice, le substantif, quant à lui, garde toute sa légitimité : « Une cagnotte est une sorte de tirelire où des joueurs conviennent de déposer les sommes dues par ceux qui perdent ».