Quel cinéma !
C’est tout à fait par hasard que j’avais assisté en direct à la télévision à la toute première sortie des nouveaux ministres de l’Élysée. On installe des gradins mobiles dans la cour du Palais, tout comme sur le littoral niçois au moment du Carnaval. Une foule de journalistes y est parquée sous la surveillance d’un cerbère aux allures de videur de boîte de nuit. Les ministres font monter le suspens en déambulant comme tout naturellement à l’intérieur du bâtiment, de droite à gauche et de gauche à droite d’un pas suffisamment affairé pour qu’on les imagine préoccupés par l’avenir de la planète, mais pas trop vite quand même, qu’on ait le temps de les apercevoir, voire de les reconnaître.
Puis, quand on a assez joué de l’impatience du public, la véritable sortie commence. Ils s’égrènent un par un, marquent un temps d’hésitation, comme éblouis par d’imaginaires spotlights avant de descendre élégamment le perron. Ils traversent alors la cour, à la toute juste bonne distance des gradins pour que les interpellations des journalistes s’apparentent à des vivas, mais suffisamment loin pour que leurs courtes réponses préfabriquées ne soient qu’à peine audibles. Les plus cabots vont jusqu’à se détourner de leur droit chemin pour offrir leur meilleur profil aux caméras. La scène en était grotesque, à ce point surjouée !
Ce matin, un chroniqueur politique à résumé cette longue description en cette image succincte :
« La différence entre le Festival de Cannes et la sortie du Conseil des Ministres, c’est qu’à l’Élysée on descend les marches avant d’avoir tourné le film ».
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