À quelques heures du premier tour des élections présidentielles, la guerre des affiches de campagne bat son plein dans la capitale, où les surfaces disponibles sont rares et suscitent une forte concurrence entre les différents partis. On les trouve donc sur les panneaux d’affichage public où elles sont parfaitement autorisées, mais surtout sur des espaces interdits à l’affichage publicitaire tels des pans de mur privés, des réverbères, des tableaux électriques, le mobilier urbain. À l’heure où la campagne est de plus en plus virtuelle, l’affichage des partis ne sert plus vraiment à informer. « C’est davantage une manière pour les militants de marquer leur territoire et d’indiquer à leurs adversaires leur puissance », estime la députée Catherine Troallic (PS). La loi interdit tout affichage à caractère électoral en dehors des panneaux, et les contrevenants s’exposent à des amendes. Le passage des militants de François Asselineau, placardant les voies de Charleville-Mézières tous azimuts, déclenche l’indignation de Salah Chaouchi, le Monsieur Propre de la ville. « Ce n’est pas parce qu’on est candidat qu’il faut souiller notre ville ! » Coût de l’amende pour le candidat Asselineau : 905 €.
« Nous appliquons le principe pollueur-payeur, sans distinction entre les partis» , précise l’élu. Même principe à Lille (Nord), où la mairie socialiste a décidé de faire payer les partis des candidats placardés sur ces affiches sauvages. A Montpellier, on croule aussi sous l’affichage sauvage ! « 8 000 affiches électorales ont déjà été retirées. Et 320 tags à caractère politique », explique-t-on à Montpellier Métropole. La capitale n’est pas épargnée par les candidats en mal de visibilité. Cependant, ils n’y sont pas poursuivis. Par « respect pour la vitalité démocratique », dit-on à la Ville. Paris appelle les partis à ne pas recouvrir le mobilier urbain, ni les palissades des chantiers, mais « ne peut pas être derrière chaque colleur ». Les services de la voirie sont davantage préoccupés par les marques qui polluent les rues. Un « fléau » pour certains quartiers, où les enseignes placardent les murs et taguent les trottoirs. Cet affichage sauvage équivaut à de vraies campagnes de publicité, effectuées à très bas coût pour les entreprises. Le budget annuel de nettoyage pour la capitale est de 145 000 € pour retirer ces campagnes éphémères, affichage politique compris.
Campaign posters are seen torn and covered up in the streets of Paris, France on April 22, 2017, the eve of the first round of the election.
Sur les sites de Michel Stoupak : l'article, l'album complet (20 photos)