Quelque part entre 1952 et 55… De temps en temps la voix d'Édith Piaf, éraillée par une sono braillarde rafistolée sur une « belle américaine » sans doute rescapée de la caravane du Tour de France, venait rameuter les gamins dans la cour des immeubles pour vendre des bonbons…
Reconstitution de mémoire
À l'arrière de la bagnole avait été bricolée une plateforme sur laquelle une plantureuse poutrône était censée appâter le chaland, tandis qu'au volant un type patibulaire, sourcil ombrageux et moustache tombante se chargeait de la sono (il ne jouait jamais que cette unique chanson) et d'encaisser les picaillons… Cette chanson – bien antérieure à l'époque « Me too » – collait parfaitement à leurs personnages…
Dans le temps, on l'appelait « l'homme de la rue »… Ça désignait Monsieur Tout-le-monde, un gus, un mec, un zig moyen, un péquin lambda, voire un minus habens… Aujourd'hui, ce gonze, que je qualifierais de « cible privilégiée des micros-trottoirs », se caractérise, entre autres, par l'indigence de son vocabulaire… Et pourtant… Les gens de média qui le pourchassent en font un maximum pour l'élever dans la pratique de la nov-langue pseudo savante de l'époque… Ainsi, l'autre matin, on nous parlait dans le poste de : « la nécessité d'une structure pour déconstruire et sublimer cette problématique dans l'immédiateté… »
Mais qu'est-ce qu’elle nous baragouine, cette intello matutinale, égarée sur une radio généraliste ?
On n’en pige pas une broque ! Moi, je vous le bonis recta : je kiffe plus la jactance de la strass chère à Carco, Audiard ou San-Antonio qui, pour vertement imagée qu'elle soit, permet au moins d'entraver de quoi qu'on cause !
Le Mot du Jour d'hier « Le Monde du Théâtre » mérite un complément d'information. Le théâtre en question n'est, en fait, qu'un Cirque, ou, pour être encore plus précis qu'un Hémicycle : celui de l'Assemblée Nationale au Palais Bourbon. La Troupe de ce Théâtre se divise en deux clans : les Pros et les Antis. Un thème de représentation récurrent : voter une loi.
Chacun des acteurs de la Troupe a des engagements sur d'autres scènes : salles des Fêtes municipales, Arènes départementales, théâtres des Régions ou encore quelques Scènes subventionnées ou pas : BFM TV, C News, RMC, RTL, et toutes les radios publiques et privées…
Si bien que, pour se produire au grand complet, la Troupe n'a d'autre solution que de donner des représentations de nuit, fort heureusement bien rétribuées… (ou, subtilité de la langue française : heureusement, fort bien rétribuées…)
C'était le cas, cette nuit de lundi à mardi dernier où devait être discutée, puis adoptée, cette loi sur le passe vaccinal qui a déjà fait beaucoup parler.
A priori, au vu des forces en présence sur l'échiquier politique, c'aurait dû être une formalité pour les « Pros » de faire entériner ce texte en deux coups les gros. Une salve d'estocades, deux, trois coups bas et l'affaire était in-ze-pocket…
D'autant plus que, mis à part les ténors de leur groupe destinés à donner un souffle épique au débat tant annoncé, les « Antis » n'étaient présents dans les travées qu'en rangs clairsemés…
Ils jouaient là le fameux « coup du rideau » : au moment du vote, surgis de nulle part (comme de derrière un rideau*…) toute une meute d'« Antis » qu'on imagine rigolards, venait jouer du bouton de vote « Contre » !
Les « Pros » pourtant théoriquement majoritaire devaient se résoudre à concéder la suspension des débats… Mais ce ne sera bien sûr que partie remise…
*en fait, alertés par un des figurants « infiltrés », ils arrivaient sans doute des restaus huppés d'alentours ou d'hôtels très particuliers de l'arrondissement que la légende persiste à faire croire très appréciés de la gent parlementaire provinciale… Mais cela relève pour de bon du vaudeville…
P.S :Ludo, un Frère (du chemin) de la Côte, me fait remarquer que Charline lit le Mot du Jour :
Mais il est vrai que la maîtrise de cette figure de style n'est pas requise pour mériter d’écrire en Arial black à la une de Var-mat’ ! Les Chefs varois apprécieront à coup sûr cette mise en valeur de leur art.
Quand on allume la radio, c'est sur COVID qu'on tombe… Et ce matin, c'est son variant Omicron' (vous noterez l'apostrophe finale que j'emploie pour complaire à la gent médiatique) qui a eu l'honneur de partager mon p'tit dèj. Et c'était pour m'apprendre qu'il se propageait comme un cheval au galop.
Ce cliché tidal🛈Tidal est un adjectif désignant ce qui est relatif à la marée éculé vaut bien une photo, sans doute…
Oui… Pour (une fois) et surtout pour la photo) je sacrifie à la mode du « iel ».
Bien souvent, leur propos, ce n'est que du vent… de l'air qui ne sert qu'à gonfler leur baudruche… On les rencontre à la radio, à la télé, lors d'émissions de vulgarisation plus ou moins scientifiques… Ils sévissent beaucoup, ces temps-ci, dès qu'il s'agit de donner un avis définitif sur ce fameux coronavirus. Mais on les entend pérorer sur des sujets bien moins graves… Que ce soit les sujets aussi bateaux que la cohue dans les grand magasins ou les émissions psycho-chose où ils viennent Ménigrégoiriser en rond sur les problèmes métaphysiques de ménagères en détresse… Vous en avez fatalement croisés. Ils sont faciles à reconnaître, et ils assument, mieux, ils revendiquent leur condition de baudruche par ce leitmotiv qui leur sert de bannière :
« Je voudrais rebondir… »
Car chez ces gens-là, M'sieur, on ne répond pas… On ne réagit pas… On n'intervient pas… On ne réplique pas… On ne fait pas remarquer… On n'ajoute pas…
…On rebondit !
La prochaine fois que vous attraperez un de ces érudits* au rebond, pensez à cette frise, ça aide à ramener leurs théories à de plus justes proportions…
*J’ai décidé de ne plus sacrifier aux fanfreluches de l’orthographe inclusive
« Le théâtre, soyons juste, est un truc dépassé, inintéressant, vieillot. Essentiellement, les comédiens sont des gens qui parlent fort dans un langage parfois alambiqué, les personnages sont limites : un vieil orphelin parle à un crâne, une grande gueule affublée d'un grand pif fulmine en alexandrins, une gamine légèrement attardée regrette la mort d'un petit chat… ».
C'est bon, François & Valentin Morel*, vous m'avez convaincu ! Je file voir « Matrix 4 » puisque « Les Tuche 4 » ne sont plus à l’affiche !
Ils sont impressionnants, ces ados qui textotent à deux mains à un rythme de mitraillette ! Et que dire de cette collégienne qui parviendrait presque à reconstituer en douce sur son i-phone ou sa montre connectée l'histoire de l'URSS pendant un devoir surveillé sans éveiller les soupçons ! On ne peut que lui conseiller de s'orienter vers la prestidigitation… Impressionnant aussi, ce prof qui prend le temps de remonter le texte jusqu'à pouvoir le sourcer précisément !
Dimanche après-midi. La radio en sourdine dispense un fond sonore à mon atelier de fabrication de Mots du Jour… Malgré un volume au plus bas, me parviennent d'intrigantes exclamations qui méritent attention. D'un clic sur je libère la parole de deux commentateurs sportifs hystériques (pléonasme) qui, à force de hurlements convulsifs entrecoupés de râles d'éléphantes en gésine, tâchaient de nous décrire les phases de jeu d'une rencontre de handball…
« Les formidaaables joueuses françaises menaient au score et la victoaaaare ne pouvait désormais plus leur échapper ! Le doublé “championnes olympiques” / “Championnes du Moooonde” leur était justement acquis ! »
Nos deux zigotos avaient perdu toute mesure depuis que les Françaises avaient égalisé. Leur vocabulaire épuisé, il en étaient réduits aux borborygmes ou à des trilles de contralto. Ils étaient en train de perdre leur voix… Quant à leur dignité… Je laissais ces deux olibrius à leur orgasme handballistique pour retrouver sur une autre station des sonorités plus civilisées… La crédibilité de ces deux excités a été définitivement mise à mal en apprenant le score final, au 20 heures à la télévision :
France : 22 - Norvège 29
" Il m'a dit qu'il ne faut jamais Vendre la peau de l'ours qu'on ne l'ait mis par terre."
Ce matin, par-dessus mon bol de café au lait, c'est d'une oreille amusée que j'ai suivi les contorsions sémantiques du ministre de la Santé pour éviter de prononcer LE mot tabou…
B21.1 OBLIGATION de tourner à droite
De son côté, son confrère Délégué à la Sécurité routière va devoir, lui aussi, faire preuve d'imagination pour renommer ce panneau !
Dans le pays c'est la fête / Toutes les femmes s'apprêtent / Peigne d'or fin et rubans de velours / Chacune d'elle a mis ses atours / Sous les corsages en dentelle / Bat très fort le cœur des belles / Un régiment vient de faire son entrée / Dans le village tout pavoisé Ce sont les carabiniers de Castille / Habits et galons dorés qui scintillent / Surtout, faites attention jolies filles ! / Ils sont braves garçons / Mais joyeux lurons / Ce sont les carabiniers de Castille / Ce sont des gaillards qui n'ont peur de rien / / Quand le bal finira / Et qu'au loin minuit sonnera / Plus d'une fille s'en apercevra / Oh là là ! Les soldats, comme on s'en doute, / Sont repartis sur la route / Et bien plus tard, on sut que Rosita / Avait beaucoup flirté ce soir-là / La mère eut vent du mystère / Et se mit fort en colère / “Allons, dis-moi le nom de ton galant !” / Rosita répondit en pleurant Ce sont les carabiniers de Castille / Habits et galons dorés qui scintillent / L'un d'eux m'a dit “Je te trouve gentille” / Et je n'ai pu résister à tous ses baisers / Ce sont les carabiniers de Castille / Alors dans ce cas, tout est différent / Car, lui dit sa maman, / Il est dur quand on a vingt ans / De résister à des gars si entreprenants / Je vais te pardonner car, vois-tu, Puisqu'il faut l'avouer / Toi aussi tu es fille d'un carabinier !
* Les marins bretons qui fréquentaient le cours Lafayette**, voilà un siècle, avaient surnommé les gens du cru les « Moccots ». C'était à force de les entendre répéter, en provençal, une expression qui traduisait bien leur atavique fatalisme: « Es' como co ». C'est comme ça.
** Délicat euphémisme… Les marins bretons devaient plutôt fréquenter plus à l’Ouest, les ruelles de la « basse ville » surnommée « Chicago ».