En zapounant sur la TNT hier soir, je suis tombé sur une Rencontre de boxe… Et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agissait d’un Championnat du Monde ! Tout d’abord accroché par les imprécations du Bateleeeeeeeeeeeur de service, puis intrigué par les dimensions de l’arêne et les vociférations d’une foule en délire*, je suis resté scotché devant tant de démesure.
La toute première fois que je regarde une rencontre (on ne dit pas « un match » dit-on ?) de bout en bout. Un grand ténébreux, plutôt sympa, était opposé à un petit teigneux arrogant. Qu’est-ce qu’ils se sont mis ! Du grand art : les commentateurs en étaient dithyrambiques tantôt pour l’un, tantôt pour l’autre selon la tournure des évènements. La foule soutenait à pleins poumons les exploits du petit hargneux. Et moi, pas fiérot de jouer les voyeurs devant ces deux types en train de se massacrer consciencieusement (là, le mot n’est peut-être pas tout-à-fait adapté…) je me suis pris à me poser des questions bien incongrues, du genre : — De quelle étoffe sont donc bâtis ces nobles artistes pour que la passion qui les anime soit nourrie du plaisir à cogner sur la figure d’un autre humain jusqu’à ce qu’il s’effondre ? Ou bien, par l’autre bout de la lorgnette : — Quelle plaisir pervers prennent-ils à délibérément venir en prendre plein la tronche jusqu’à épuisement ?
Le grand y a laissé une paupière, l’autre a eu le cuir chevelu fendu. C’est la paupière qui a gagné. À l’annooooooooonce du résultat, la foule tout acquise au cuir chevelu, n’a même pas hué le vainqueur… ce qui prouve que le jugement des arbitres était équitable (sic).
Voilà. C’était, en léger différé depuis Manchester, le championnat du monde des poids légers opposant Anthony (Million) Crolla à Jorge Linarès.
Suite à une observation qui m’a été adressée par mail, je me dois de préciser que les faits relatés ci-dessus sont parfaitement authentiques et vérifiables. Ce billet qui met en scène un grand ténébreux et un petit teigneux ne constitue en aucune manière une quelconque parabole politique. Guy F. B.
* Tiens, la “foule en délire” de La corrida de Gilbert Bécaud me revient spontanément…