Mon zapping en slalom d'hier soir m'a encore conduit sur la chaîne de la boxe. C'est un Championnat du monde par semaine… Et celui-ci opposait des « féminines » (c'est bien comme ça qu'on dit dans les milieux sportifs, je crois ?). Passons les détails. Au final, une pommette dans chaque camp. C'est la pommette gauche qui a été sacrée Championne du monde. Au vu des charmants minois de ces dames à la proclamation des résultats, je me suis posé une question quasi philosophique : le port de gants de boxe n'est-il pas en complète contradiction avec le but du jeu ?
Et que les pétroleuses du féminisme me pardonnent, mais je trouve ce sport encore plus dégradant au féminin.
En zapounant sur la TNT hier soir, je suis tombé sur une Rencontre de boxe… Et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agissait d’un Championnat du Monde ! Tout d’abord accroché par les imprécations du Bateleeeeeeeeeeeur de service, puis intrigué par les dimensions de l’arêne et les vociférations d’une foule en délire*, je suis resté scotché devant tant de démesure.
La toute première fois que je regarde une rencontre (on ne dit pas « un match » dit-on ?) de bout en bout. Un grand ténébreux, plutôt sympa, était opposé à un petit teigneux arrogant. Qu’est-ce qu’ils se sont mis ! Du grand art : les commentateurs en étaient dithyrambiques tantôt pour l’un, tantôt pour l’autre selon la tournure des évènements. La foule soutenait à pleins poumons les exploits du petit hargneux. Et moi, pas fiérot de jouer les voyeurs devant ces deux types en train de se massacrer consciencieusement (là, le mot n’est peut-être pas tout-à-fait adapté…) je me suis pris à me poser des questions bien incongrues, du genre : — De quelle étoffe sont donc bâtis ces nobles artistes pour que la passion qui les anime soit nourrie du plaisir à cogner sur la figure d’un autre humain jusqu’à ce qu’il s’effondre ? Ou bien, par l’autre bout de la lorgnette : — Quelle plaisir pervers prennent-ils à délibérément venir en prendre plein la tronche jusqu’à épuisement ?
Le grand y a laissé une paupière, l’autre a eu le cuir chevelu fendu. C’est la paupière qui a gagné. À l’annooooooooonce du résultat, la foule tout acquise au cuir chevelu, n’a même pas hué le vainqueur… ce qui prouve que le jugement des arbitres était équitable (sic).
Voilà. C’était, en léger différé depuis Manchester, le championnat du monde des poids légers opposant Anthony (Million) Crolla à Jorge Linarès.
Suite à une observation qui m’a été adressée par mail, je me dois de préciser que les faits relatés ci-dessus sont parfaitement authentiques et vérifiables. Ce billet qui met en scène un grand ténébreux et un petit teigneux ne constitue en aucune manière une quelconque parabole politique. Guy F. B.
* Tiens, la “foule en délire” de La corrida de Gilbert Bécaud me revient spontanément…
À ma gauche, un journaliste pugnace. Pugnace et surexcité, bien décidé à ne pas lâcher le morceau. Il le tient son papier à portée nationale ! Il sait qu’il sera repris en boucle sur tous les « Breaking news ». The scoop ! Et puis, tant de rumeurs circulent déjà, ce sont autant d’angles d’attaque tout trouvés ! Il a pas trop eu le temps de peaufiner, alors direct ! À l’emporte pièce. Et tant pis si la courtoisie doit y laisser quelques plumes; et je ne parle ni de tact, ni de délicatesse… À ma droite, le « témoin » en qui la Justice du Café du Commerce voit déjà un responsable. Lui, il se la joue Blandine livrée aux lions. Son jeu consiste à esquiver les pièges sournois du vocabulaire, les embûches d’un ton mal approprié, l’erreur fatale d’un élan spontané. C’est profil bas, sur un ton d’ordonnateur des Pompes funèbres, qu’il délivre compassion exagérée jusqu’au mélo, larmes de crocodile, sanglots dans la voix pour les meilleurs. L’indécence de l’un, l’hypocrisie de l’autre me mettent autant mal à l’aise que si j’assistais à un combat de boxe ou à une corrida. On aura compris ici mon admiration pour le noble art ainsi que pour l’afición…