Le journal de Jeff

Cela devait bien arriver un jour. Rien n'est éternel. Mon vieux RAV4 Toyota de 1998, acquis en 1999, un modèle qui ressem­blait encore à un 4x4 de bande dessinée, n'a pas réussi à passer le contrôle techni­que, en cette triste journée du 21 mars 2016. On lui reprochait notamment une plaque d'immatriculation avant non con­forme. À part une légère détérioration du logo de l'Europe, je ne voyais pourtant aucune dif­férence avec celle de mon autre véhicule. Mais ce n'était pas le plus grave, même si cela motivait déjà une contre-visite. Il parait que je polluais. En­fin, je veux dire mon 4x4. Le délinquant a passé une jour­née et demie chez Cap Ouest Auto, le garage Toyota de Morlaix, qui m'a prêté une mignonne Aygo « de courtoisie » (j'aime bien l'expression). Le kit de distribution du recalé, que j'ai récu­péré aujourd'hui, a été changé. Ne me demandez pas le rapport avec le CO2 excessif : je suis ignare en mécanique. Je sais seule­ment que cette réparation, com­prenant aussi d'autres bricoles, m'a dé­possédé de 614,15 €.
Le contrôle de la Laguna est annoncé pour fin mai. J'en tremble déjà ! La relève du compteur électrique est pour bientôt. Celle du compteur d'eau a eu lieu récem­ment. J'espère que la visite régulière de mon installation sanitaire (fosse septique, bac à graisse et puits perdu), histoire de vérifier que, non content de polluer l'at­mosphère, je ne pollue pas aussi la croûte terrestre, n'est pas pour cette année. N'en avez pas un peu marre de cette liberté de plus en plus surveillée ? Bon d'accord, c'est très mal de polluer.

Contrairement à l’habitude, j’ai chargé l’Euro­camp, fait le plein d’eau, arrimé le vélo au porte-vélo hier soir. C’est pourquoi j’ai pu quitter Kéra­dennec ce matin dès 9 h.
Voyage sans encombre. À la sortie du péage de Castelsarrasin, une patrouille des douanes arrête tout le monde. « D’où venez-vous et où allez-vous », me demande une accorte (mais indis­crè­te) douanière. Je suis tenté de répondre : « de Colombie ». Mais je pense qu’elle pourrait mal le prendre. « Je viens de Bretagne et je vais ici, où j’ai de la famille ». « Allez-y » me dit-elle. Ils ne sont donc pas à la recherche de trafiquants de chouchen.

Après le voyage d’hier, aujourd’hui c’était repos. Un peu de ménage dans l’Eurocamp le matin, quatre grilles de chassé-croisé (jeu de lettres), l’après-midi. Vers 17 h 30, j’ai promené le chien autour du pâté de maisons puis j’ai enfourché le vélo pour aller tâter le pouls du centre-ville de Castelsarrasin. Certes, il bat encore, mais pas avec la même vigueur qu’autrefois. La place de la Liberté est loin d’être aussi animée et le Café de la Place est bien silencieux, lui qui bruissait des commentaires des amateurs de rugby quand il s’appelait Chez Serres. La Promenade du Châ­teau est en chantier de réhabilitation. Il y a quel­ques années, les amoureux du passé (dont je suis) avaient déploré la destruction de son kios­que à musique, pourtant fort laid. Aujourd’hui, ils s’émeuvent de l’abattage de quelques platanes centenaires, la plupart pourtant fort malades. Le café de la Promenade, jadis si fréquenté, dégra­dé au rang de bar-snack, a quant à lui bien triste mine : deux types sont attablés à sa terrasse fort rétrécie. Tout fout l’camp !

Ce matin, je mets le chauffe-eau en route. Après quelques minutes, le voyant rouge s'allume : plus de propane. Cet après-midi, le chien, le fourgon et moi nous rendons à la station du Leclerc. « Nous n'avons plus cette marque. Il vous faut aller à la station Total de Castelsarrasin », me dit la caissière avec un bel accent chantant. Effec­ti­vement, c'est là que je trouve mon bonheur.
À Moissac, j'ai visité l'abbatiale Saint-Pierre, que je ne connaissais pas et le cloître, que j'avais vu il y a une petite cinquantaine d'années. Et puis j'ai promené Roc'h le long du Tarn.

J'ai déjà évoqué dans ce blog le marché de Cas­telsarrasin, véritable institution locale. Chaque jeudi, la ville s'anime. Citadins et ruraux déferlent dans les rues du centre, où s'alignent les stands les plus divers. On s'interpelle, on s'invective, on papote. L'air est empli du brouhaha des conver­sations, avec l'accent. Ces gens sont manifes­te­ment heureux de se retrouver là. Et moi aussi.
De novembre à avril, un marché au gras réputé dans la région Midi-Pyrénées se tient aussi le jeudi sous la halle occitane. En cette mi-octobre, volaillers et clients étaient encore rares.

Le port Jacques-Yves Cousteau est, après le mar­ché du jeudi, l'autre curiosité locale qui reçoit ma visite à chacun de mes séjours à Castel.
Le Marius de Marcel Pagnol, devant le Vieux port de Marseille, rêvait des îles Sous-le-Vent.
Et moi, je rêve de voyages lointains sur le Canal du Midi à bord de ces merveilleuses résidences flottantes.

Le temps a viré Toussaint. Il a fait gris et froid. L’an prochain, je viendrai plus tôt. Ce soir, nous avons pris le dernier repas en famille.
Angélique a rejoint Toulouse aussitôt après. Fabien gagnera Valence d’Agen demain matin. Nous passerons, Roc’h et moi, la journée sur le chemin du retour. 810 km à avaler.
Au revoir tati et merci pour ton accueil.

Voyage d'une traite comme à l'aller et comme à l'aller la douane m'attend au péage de sortie de la dernière autoroute. Un monsieur me pose les mêmes questions existentielles que la dame l'autre jour :
« D'où venez-vous ? Où allez-vous ? », auxquelles je réponds du mieux que je peux : « Je viens de Castelsarrasin, dans le Tarn-et-Garonne et je rentre chez moi ».
Air soupçonneux : « Vous n'êtes pas allé en Espagne ? Vous ne ramenez pas de tabac et d'alcool ? »
Air surpris de la question : « Non, non ».
Air bon enfant : « Allez-y ! ».
Ils ne sont donc pas à la recherche de trafiquants de cassoulet.