Trouvé dans Var-Matin, en illustration de l'annonce d'un spectacle autour de Jacques Prévert, cette vignette d'après une photo de Doisneau… C'était en 1955.
Je ne savais pas que quelque 40 ans plus tard, profitant d’un février printanier, je plagierais le poète…
Avec sans doute la même délicieuse autojustification :
“Dis donc camarade soleil tu ne trouves pas que c’est plutôt con de donner une journée pareille à un patron ?”
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Présentation de cette chanson sur bide-et-musique.com
Le titre est sorti de façon inaperçue au milieu des années 1990 après que notre ami Topa en eut fini avec ses déboires judiciaires et de manger son pain noir. Pas de single, pas de promotion, juste une discrète apparition sur un CD qui s'avère encore difficile à dénicher et sur lequel figurent quelques réorchestrations et des inédits dont ce titre écrit par Bob Brault du Martin Circus. Interrogé par notre équipe sur ce morceau-culte en 2001, Patrick révéla cependant qu'il s'agissait d'une mise à jour d'une vieille chanson (laquelle ? par qui ? ça, on ne sait toujours pas), ce qui explique en partie son rythme militaire et l'emploi de mots désuets (“rabougris”, "rastaquouères”) et l'utilisation de l'huile pour éclairer dans le train. Et par extension nos lanternes. Source : ► bide-et-musique.com
Ses derniers exploits se trouvent maintenant sur Face Book :
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Tu viens c't après-midi à la crucifixion ? T'as qu'à venir avec moi, ça t'changera les idées ! Ta bergère est pas là, profite de l'occasion. Moi j'ai prévenu Lévy que je prenais ma journée J'y ai dit : "J'veux voir ça, et pis j'ai mes raisons !" Il a pas pu refuser, vu qu'il y va, cézigue !
Ça va ramener du monde et marquer la saison C't'affaire-là, tu vas voir. Mais le truc qui m'intrigue C'est qu'sur les trois clients qu'ils vont foutre au séchoir Y en a deux, paraît-il, qu'on a dû bien connaître Ils nous ont fait marron sur un coup d' marché noir On ira les regarder, ça les amusera peut-être
Quand on avait l'tuyau pour les surplus romains J'avais tout préparé, tout mâché la besogne. On était cinq sur l'coup, vraiment du cousu-main ! Quand ils nous ont doublés, on a passé la pogne Mais j'dois dire qu'aujourd'hui je vais bien rigoler ! Comme quoi, mon vieux cochon, y a tout d'même une justice. Comme disait mon vieux père : "Faut pas tuer ni voler À moins d'être certain que le coup réussisse !"
Le troisième, il paraît qu'il marche à la gamberge Il jacte à droite, à gauche, on l'a vu venir de loin. Il est pas vieux du tout, il n'a pas trente-cinq berges. On sait pas bien qui c'est, c'est pas un gars du coin, C'est un genre de rebouteux, il guérit les malades, Ça fait trois ans, guère plus, qu'il est sur le trimard. N'empêche que le Pilate et ses p'tits camarades L'ont prié d'obéir et d'arrêter son char
Comme disait mon vieux père : "La poisse, elle vient toute seule Mais plus tu veux jacter, plus qu'elle vient rapidement; C'est une belle qualité d' savoir fermer sa gueule" Mon père, pour un ivrogne, il n' manquait pas d'jugement !
D'ailleurs, en fait d'jugement, c'est par là qu'ça commence. Tu viens ?… Moi, j'm'en vais, je veux pas m'foutre en retard Si tu veux venir, tu viens… J' te dirai c'que j'en pense ! J'passerai pour l'apéro, à sept heures, au plus tard.
Ça y est, me v'là revenu, j'en ai les jambes coupées J'ai vu assez d'salauds pour le restant d'mes jours Et c'est le genre d'histoire qui s'ra vite étouffée… T'en entendras causer, crois-moi, pis même les sourds.
D'abord le tribunal, une vraie rigolade ! Les carottes étaient cuites, archi-cuites au début. Le Pilate s'en foutait, mais les p'tits camarades Ça gueulait maximum, aussi fort qu'ils ont pu. Le mec, il était là, il a pas dit grand-chose ;
Et pis j'étais trop loin, j'ai pas bien entendu. Tout l'monde braillait là-dedans mais pour plaider sa cause Y a personne qu'a moufté… Ni l'avocat non plus. D'ailleurs, y en avait pas ! C'était la mascarade ! Et j'suis sûr que le gars, il est blanc comme l'agneau ! Tu peux dire que l'Pilate et ses p'tits camarades Ça fait avec nous autres une belle bande de salauds !
On a beau être des voyous, vivre comme des malhonnêtes, Y a tout d'même des machins qui vous foutent le bourdon. Tout était combiné ! Même la croix qui était prête ! Et quand on vous y colle, on sait que c'est pour de bon. Et pis la croix maintenant, c'est toi qui te la coltines, C'est nouveau, je te préviens, si ça t'arrive un jour. Tout seul et ça sur l'dos jusqu'en haut d'la colline…
Il s'est juste arrêté pour faire un p'tit discours.
Il s'trouvait juste en face d'un ramassis de bonnes femmes Qui chialaient comme des veaux, faut dire qu'y avait de quoi ! Il leur a dit comme ça : "Pour le salut de vos âmes Il vaudrait mieux pleurer sur vous-mêmes que sur moi !"
Sa vieille, la pauv' mémère, elle était là toute seule, Y aurait pas eu un type pour y donner la main Surtout quand son fiston, il s'est cassé la gueule Trois fois d'suite, sous les coups d'ces enfoirés de Romains !
Moi, ça m'a foutu le noir, pourtant j'suis pas sensible Ça m'a tout barbouillé, j'en suis cœur sur carreau ! Faut dire que le populo, c'est vraiment des horribles Ils sont pour la plupart plus fumiers que les bourreaux
Bref, je n'suis pas revenu pour gâcher la soirée. Ils l'ont cloué là-dessus et tout l'monde est parti Tu parles d'une journée …Moi j'en suis lessivé Et tout l'monde est pareil… et pis c'est pas fini…
Les deux autres ? Ah ben oui, pardonne-moi si j't'excuse, Eh ben, j'les ai pas vus, j'y ai même plus pensé ! Ils sont toujours là-haut, vas-y si ça t'amuse, Pour moi, ça va comme ça, j'en ai vu bien assez !
Paulo, tu me connais bien, tu sais que les innocents Je m'en fous complètement. Seulement pour le quart d'heure Je dois dire que c'que j'ai vu, ça m'a tourné les sangs Un mot que je dis jamais, Paulo : ça m'a fait peur !
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LES MOTS SAVANTS DE ROSELYNE « NON MAIS T’AS VU COMMENT QU’ILS CAUSENT ? »
Roselyne Bachelot est une femme politique française et animatrice de télévision et de radio. Érudite et touche-à-tout, elle tient une rubrique dominicale dans Var-Matin « Signé Roselyne ». C'est de ces colonnes que sont extraites les entrées du « Dictionnaire des Mots savants de Roselyne ».
Les entrées en bleu caractérisent des mots qui, s'ils ne sont pas “savants” à proprement parler, trouvent leur place dans ce dictionnaire par leur rareté d'emploi en français moderne et/ou dont l'étymologie mérite d'être rappelée.
R
rodomontade \ʁɔ.dɔ.mɔ̃.tad\ n.fDe Rodomonte nom italien d’un roi d’Alger courageux, fier et insolent, personnage créé par le Boiardo
1. Attitude prétentieuse et ridicule, langage d’un rodomont, fanfaronnade.
Nous avons échangé mensonges et rodomontades en engloutissant des tonnelets de bière.Glen Cook, Le Château noir, 1984
«…et Donald Trump n'a fait qu'aggraver les choses en truffant ses rodomontades d'injures personnelles ».Roselyne-11/03/18
S
saillance \sa.jɑ̃s\ n.f
Qualité d’être saillant.
Grande probabilité d’être remarqué.
« L'intérêt se situe plutôt dans les saillances (de l'interview d'Emmanuel Macron). Au chapitre des saillances, oser annoncer qu'il tourne la page de "trois décennies d'inefficacité" est une outrance regrettable…»Roselyne-03/09/17
saillant \sa.jɑ̃\ adj. Qui avance, qui sort en dehors.
Corniche saillante.
(Mathématiques) (Géométrie) Qualifie un angle plus petit qu’un angle plat.
(Figuré) Qualifie ce qui est vif, frappant ou de ce qui ressort, en parlant des ouvrages de l’esprit.
(Héraldique) Qualifie une chèvre, un mouton ou un bélier qui se dresse comme pour s’élancer.
Bélier saillant.
savant Cosinus n.propre
Pancrace Eusèbe Zéphyrin Brioché, dit savant Cosinus est le héros d'une des première bandes dessinées française due à Christophe (1856 – 1945) : L’idée fixe du savant Cosinus. Elle parut à partir de 1893 sous forme de feuilleton. Christophe a pris modèle sur des mathématiciens et physiciens célèbres du XIXe siècle. Son modèle principal serait Jacques Hadamard, un mathématicien bien connu pour sa distraction. Mais il a aussi recueilli des anecdotes sur Paul Painlevé, Henri Poincaré et aussi les physiciens André-Marie Ampère – connu pour sa distraction – et François Arago.
« Cette querelle pourrait être considérée comme une nouvelle bataille d'experts destinée à occuper quelques savants Cosinus un peu allumés ».Roselyne-26/11/17
scansion \skɑ̃.sjɔ̃\ n.f : Action de scander, de marquer le rythme.
«…il ne s'agit pas d'un dérapage de tribune mais bien d'un propos mûrement réfléchi et destiné, par une scansion appropriée à faire le buzz ».Roselyne-25/09/16
Ces entrées ont été ajoutées à la version livre (en pdf) des ► Mots savants de Roselyne Les liens vers Les séries de Guy (en pdf) sont dans la colonne de droite de cette page.
Les enfoirés ne sont pas tous aux Restos du cœur !
Quand Jean-Pierre Pernaut dépêche un envoyé pour réaliser un reportage sur le sentiment des seniors par rapport à la journée de grève, il ne l'envoie pas à Bergues, La Courneuve ou Fleurange. Un coin de plage de Cagnes-sur-mer convient bien mieux à l'illustration de la condition des retraités !
Encore faut-il savoir trouver le meilleur angle pour s'attaquer à ce sujet sensible
En sous-titre du Mot d'hier, j'avais choisi cette citation : « Plus ça change, plus c’est la même chose ». Il s'agissait de pointer les similitudes entre les situations rencontrées jadis sur la « Terrasse » et de nos jours sur la « Promenade des Anglais ». Mais pas que… La description qu'Alexandre Dumas faisait des « mourantes » de la « Prom » m'a incité à lire l'intégralité de la double page que Var-Matin lui consacrait dimanche. En voici le résumé.
La même chose… ou presque…
C'est en 1835 que le Gouvernement lance une grande souscription pour une cause d'intérêt national. Il s'agit, au prétexte de l'essor du grand tourisme aristocratique, de financer un voyage sur la Côte d'Azur et en Italie du grand écrivain qu'est Alexandre Dumas. Et c'est ainsi qu'Alex, accompagné de sa maîtresse et d'un copain dessinateur supposé illustrer ses propos prend la route au beau mois de mai. Cette fine équipe fait escale à Toulon, accueillie par un médecin de l'Hôpital maritime qui lui déniche « une petite bastide pleine d'air et de soleil, près du fort Lamalgue ». Un quartier toujours très prisé de nos jours par les élites de la Royale. Une visite du bagne justifie l'étape et procure à Dumas la matière de son futur roman « Le bagnard de l'Opéra ». La virée se poursuit par une escale à Hyères qualifiée de « paradis de la Provence ». Une étape à Fréjus, dans une « petite » auberge dédiée à Napoléon.
« C'est lui qui subjugua presque tout l'Univers, Affronta les périls, brava la bombe, la mitraille Brava partout la mort et sillonna les mers, Combattit à Wagram et gagna la bataille »
Sur ce, Alexandre Dumas conclut bravement : « Nous commandâmes à dîner. En attendant nous primes un bain de mer ».
Suit la relation d'un petit incident de parcours. Au poste de douane du pont du Var, un douanier trop zélé s'offusque que, dans la voiture, se soit subrepticement glissée une passagère supplémentaire (?)… Alex le prend de haut et manque bien retourner à Antibes entre deux gendarmes ! Mais, efficacité du passeport diplomatique (?), « après une demi-heure, monsieur le commissaire nous annonça avec une morgue pleine de bienveillance que rien ne s'opposait à ce que nous continuassions notre chemin ». C'est après cet incident que se situe l'épisode de la baguenaude sur la Terrasse niçoise. Encore une douane à Monaco, puis c'est l'étape à l'Auberge de la Croix d'or à Vintimille ou pendant que nos touristes dégustent un civet de lapin, Mylord, le chien du dessinateur, lui aussi du voyage, trucide le chat de l'hôtelier… Pour Var-Matin, ici s'arrête la relation du voyage.
On voit bien, à ce récit que « Plus ça change, plus c’est la même chose ». Ou presque… car la plaisante escapade de notre trio d'envoyés culturels était financée par une souscription volontairement abondée par des mécènes aussi généreux que désintéressés… À l'inverse de nos actuels « Ambassadeurs thématiques » (c'est comme ça que ça s'appelle) qui s'en vont ambassader de par le monde aux frais de la Princesse. Selon le site de Capital, ils ne seraient pas moins de dix-sept actuellement au service de la France.
Racolage lascif « Plus ça change, plus c’est la même chose »
« Nice devrait être représentée sous les traits d’une belle courtisane, mollement couchée au bord de son miroir d’azur, à l’ombre de ses orangers en fleurs, avec ses longs cheveux abandonnés aux brises de la mer dont les flots viendraient mouiller ses pieds nus, car Nice c’est la ville de la douce paresse et des plaisirs faciles. Rien de plus charmant que Nice par une belle soirée d’automne (…) Il y a alors à Nice une belle promenade qu’on appelle la « Terrasse » et qui n’a pas peut-être sa pareille au monde, où se presse une population de femmes pâles et frêles qui n’auraient pas la force de vivre ailleurs, et qui viennent chaque hiver mourir à Nice. Les hommes, en général, s’y portent à merveille et semblent être venus là, conduits par un sublime dévouement, pour céder une part de leur force et de leur santé à toutes ces belles mourantes que lorgnent en passant de charmants petits abbés, si coquets et si galants que l’on comprend à la première vue qu’ils ont des absolutions toutes prêtes pour elles ».
Alexandre Dumas (1835)
Texte emprunté à Var-Matin du 18 mars 2018 – Rubrique « Notre histoire ». Image du web