Les emportements à répétition de Marlène (Schiappa). La plainte de l'aventurière qui conduit à l'annulation de Kho-Lanta. Les imprécations d'Asia Argento au Festival de Cannes… Et moi, et moi, et moi qui me surprends à édulcorer mes sujets et à épurer mon vocabulaire…
Sœur Anastasie, ne vois-tu rien venir ?
L'autre jour, en me documentant sur la rue Lauriston – de sinistre mémoire –, j'apprends que cette voie de Paris a été citée par… Pierre Perret dans sa chanson « La corrida » ? Je m’en vais vérifier ce détail surprenant puis je laisse You Tube dérouler sa sélection… Et là je me dis dans mon Ford intérieur : « Tu vas voir (oui, je me tutoie en mon for intérieur), tu vas voir qu'un de ces jours ils vont décréter un autodafé des disques de Pierrot, de tonton Georges, du Grand Jacques et d'autres polissons du même acabit… ». Fort heureusement, ce jour-là, il restera les inoffensifs lauréats des télé-crochets pour préserver l'aura de la chanson française.
Après Stéphane Paoli et Pascale Clark, une autre figure s’apprête à quitter France Inter : il s’agit de Philippe Meyer, qui y présente, le samedi à midi, l’émission « La prochaine fois, je vous le chanterai », dédiée à la chanson française. « On me prie de quitter l’antenne de France Inter », a expliqué au Monde, lundi 6 juin, M. Meyer, qui présente cette émission depuis 2002.
Paraîtrait même qu’il sera remplacé par Difool de Skyrock …
De mauvais augures nous prédisent périodiquement la disparition de ce particularisme culturel qu’est la chanson française. Elle aurait été successivement : tuée par les Yé-yés, balayée par la langue anglaise, déstructurée par les rappeurs… Ainsi seraient donc perdus à tout jamais les chansons réalistes du siècle de Berthe Sylva, les refrains engagés d’un Béranger ou d’un Ferrat défendant le prolo, les rimes riches si chères à Brassens ou les truculentes loufoqueries langagières d’un Bobby Lapointe… Et bien non, Messieurs les fossoyeurs, la chanson française n’est pas morte. Tout cela est toujours bien vivace et les talents d’aujourd’hui nous composent des bijoux qui sont autant d’hommages à leurs grands prédécesseurs. Mieux ! Enrichi d’un si prestigieux patrimoine, l’un d’eux parvient à synthétiser toutes les valeurs de ses maîtres en un seul texte. Je vous en livre la teneur :
Elle est vraiment super La caissière du Super
Elle bosse pour le Boss, Pour les beaux yeux du Boss Elle bosse…
Elle bosse pour son gosse Pour les beaux yeux du gosse Elle bosse…
Les caméras ne se lassent pas d’enregistrer les petits travers de la caissière du super…
Elle bosse pour la banque Pour les beaux yeux de la banque…
Elle bosse pour la bouffe, Pour la bouffe de son gosse, Elle bosse…
Elle est vraiment super La caissière du Super !
C’est signé Arthur H. et ce n’est pas encore dans les bacs que déjà ça mérite haut-la-main l’inscription au palmarès de la Chanson Hon chez Philippe Meyer !
Arthur ! Change de crèmerie ! ou « La guerre des enseignes »
J’étais loin de me douter que la caissière de grande surface suscitait autant de fantasmes… Hélène me le fait remarquer en me signalant que l’hôtesse de caisse de chez Leclerc aurait d’autres talents que la pleurnicheuse du supermarché d’Arthur !
C’est d’une oreille égrillarde que j’ai écouté les habitantes des environs de Barcelonnette venir détailler à la télévision leur état d’émotion au ressenti de la secousse, si puissante qu’elle faisait tanguer le lit ! Elle m’ont mis cette rengaine en tête pour le reste de la journée.
Une journée qui commence par un moment de pure émotion poétique prodigué par France Inter à l’heure où je beurre mes biscottes. Je vous livre les paroles du refrain de ce bouleversant moment de la chanson française :
« L’amour est éternel, L’amour est éternel, L’amour est éternel, L’amour est éternel, L’amour est éternel jusqu’à ce qu’il s’arrête. »
On trouve là toutes les subtilités de la versification classique dans la lancinante répétition du premier vers, puis, en point d’orgue, la puissance de l’inattendu oxymore final !