Julie Graziani, militante, éditorialiste et chroniqueuse de télévision française. (voir pedigree sur ► Wikipedia)
Jadis, la notoriété d'un jeu télévisé s'est bâtie sur les exhortations impatientes du public qui scandait : « Le million ! Le million ! Le million ! »
Saisi de la même tapageuse frénésie, lorsqu'il a entendu les propos de Mame Graziani, le diablotin mal élevé qui régit le centre du Mot du Jour dans mon cerveau s'est mis à trépigner en rythmant : « La fessée ! La fessée ! La fessée ! »
Des plongeurs vont récupérer des alevins en mer pour les remettre à l'eau lorsqu'ils sont devenus des proies moins faciles.
20 h : Journal télévisé :
Un mastodonte capable de pêcher en un jour 250 tonnes de poissons, l'équivalent annuel de la pêche de 5 chalutiers en opération au large de Cherbourg.
Démocratie – élections présidentielles – gouvernement – ministres – parlement – députés – discours – grands débats – élections européennes – parlement européen – Nations unies – COP 24 – CCNUCC … …et moi, et moi, et moi… comme le toro de la chanson conscient qu’on est en train de le mettre à mort,
Universelles pour toutes les zones, ainsi tous les écoliers, collégiens, lycéens pourront-ils aller de concert fleurir la tombe de leurs ancêtres. Ces vacances marquent l'entrée dans le maelström des Fêtes de fin d'année ! J'en ai déjà constaté les prémices en zigzagant à vélo entre les camions-nacelles qui installent les très écologiques décorations lumineuses de Noël. He oui, déjà ! C'est aussi une grande date dans le calendrier Jean-Pierre-Pernaultien. Devant nous s'ouvre un boulevard de deux mois où les étranges lucarnes vont nous initier à tous les secrets d'une fête réussie, nous inciter à y contribuer et nous sommer de nous en extasier. Ça va commencer par de discrètes pub' qui mettront en avant les derniers gadgets smartphoniques à la mode. Puis viendront les applications domotiques connectées et tous les trucs « intelligents ». On verra aussi, entre deux SUV aux calandres agressives, de vaporeuses sylphides se pâmer sous les effluves d'un parfum forcément envoutant et des demi-dieux vanter leur rasoirs spéciaux pour mentons carrés. On nous suggèrera d'inoubliables safaris au Rwanda ou des croisières « Noëls blancs » chez les ours de couleur « éponyme » (comme ils aiment à dire, les cuistres !). On aura droit à la récolte des sapins de Noël dans le Morvan avec son inoxydable controverse Nordmann / épicéa. Jean-Pierre enverra ses propres lutins à Rovaniemi, en Finlande pour un reportage sur le burn-out de son illustre confrère. Mais c'est après l'inauguration officielle de l’illumination des Champs-Élysées par une star en renom ou un politique en mal de notoriété que les choses sérieuses vont débuter. Je veux parler des sujets sur les vitrines des grands magasins, les bousculades dans les marchés de Noël (où l'on verra aussi patrouiller les impavides forces de l'ordre de l'opération Craignos du moment) et surtout sur la grande foire d'empoigne à la Grande Bouffe. Tout sera bon à reportage ; de l'élevage des canards du Périgord au fumage des saumons de Norvège; de la pêche aux homards dans le Maine à la récolte des aguacates au Brésil ou au Pérou… Les Chefs toqués les plus télévisuels viendront nous dévoiler les secrets de la cuisson du crabe du Kamtchatka (après étourdissement préalable) ou l'art de construire une pyramide de coupes de champagne millésimé. Bref, ce sera la réédition du banquet de "La grande bouffe" et du festin des "trois messes basses d'Alphonse Daudet" ressassée ad nauseum.
Oui, la semaine qui s'achève était bien la dernière de 2019 où l'on pouvait décemment programmer une émission pour la Terre.
…quand on vient annoncer une « émission pour la terre » et qu'on ne parvient pas à s'entendre car pour converser d'un studio à l'autre, on passe par… un satellite…
J'aime bien aussi, deux heures plus tard, que des présentateurs faisant journellement assaut de coquetterie vestimentaire viennent m'enjoindre, sur fond d’illuminations, de ne porter que des tee-shirts d'occasion…
Finalement, je préfère encore me faire engueuler par Greta Thunberg !
On nous donne tous les chiffres, tous les pourcentages, les modes de calculs, les sources retenues… Tout ! Chaque journal télévisé a maintenant son expert en « millions-milliards » qui vient faire apparaitre tableaux, courbes, abaques ou « camembert » multicolores d'un négligent coup de doigt sur un tableau numérique. (J'adore quand il se manque !) Il s'en va avec le sourire jovial mais suffisant du type qui en une minute-chrono a ouvert à nos esprits simples les plus obscures arcanes des calculs statistiques, des cours de la bourse, du prix du baril du pétrole, du déficit de la balance commerciale ou des rapports du quinté-plus !
Nul de peut dire que nous ne sommes pas in-for-més !
J'ai ainsi relevé dans Var Matin ce samedi :
Paris : 150 citoyens au chevet du climat
De là à savoir si la partie des trois-quarts d'agricultrice (1% de 51% de 150) saura faire valoir son opinion sur la distance d'aspersion des pesticides ou la nocivité des pets de vaches… C'est pas gagné !
Comptez-les tous, DieuJupiter(ℹ)Avant même son arrivée à l'Elysée, Emmanuel Macron a souvent été surnommé “Jupiter” en raison de sa volonté d'être un président “jupitérien”. reconnaitra les siens !
C'est par souci d'apaisement que le Mot du Jour ne fait pas aujourd'hui ses choux gras de l'émoi suscité naguère par les « prières de rue »… Ni ne rappelle, le principe de laïcité républicaine qui voudrait cantonner le fait religieux à la sphère privée… après la retransmission intégrale sur les chaînes publiques du rite catholique dédié au salut de l'âme de Jacques Chirac…
Comment ne pas compatir au désarroi de cet agriculteur, riverain du lac artificiel de la Sep dans le Puy-de-Dôme, quand il nous montre les pauvres épis de maïs rachitiques que lui laissera la sècheresse de cette année ?
C'est à pleurer…
Pour envisager l'avenir, ne faudrait-il pas tirer les leçons du passé et demander à cet exploitant comment ont survécu ses aïeux, paysans ici avant le remembrement, avant la monoculture, avant le barrage, avant l'industrie agro-alimentaire et les subventions européennes ?
Sacré Jean-Pierre ! Entre tous ses sujets-bateaux, il ne sait plus où donner de la tête ! Les affres du baccalauréat à peine épuisées il a dû faire de la place à sa sacro-sainte bagnole avec le Grand Prix de France… Il n'a pas fini de s'extasier sur les performances des Bleues ou de spéculer sur leurs prochaines adversaires que voilà une inespérée canicule qui vient s'accaparer la vedette… On va en voir des zozos patauger dans les fontaines publiques et des pépés-mémés sous brumisateur ! Aujourd'hui, on focussait (je l'aime bien aussi ce néologisme start-upien !), aujourd'hui disais-je, on mettait l'accent sur une école (publique ?) où, pour désaltérer les jeunes enfants, on leur distribue des bouteilles d'eau. (En plastique, les bouteilles, évidemment). En ces temps où il devient très classe de s'équiper d'une gourde réutilisable et où l'on s'efforce de convaincre que l'eau de notre robinet est parmi les plus saines du monde, en voilà une belle leçon de civisme prodiguée à nos chères têtes blondes… (oui, on ne trouve guère de têtes brunes dans les écoles visitées par Jean-Pierre…)
Le soir, France 2 a su trouver une image en contrepoint.
Sans doute des nostalgiques du mot aux parents sur le Cahier de textes, à moins qu'ils n'aient été traumatisés par le facteur des Recommandés, ou pire par le papier bleu de l'huissier… Toujours est-il qu'ils convoquent à tout va ! À la radio, à la télé et bientôt, consécration suprême, dans Var-matin on convoque, on a convoqué ou on convoquera… C'est tellement pratique !
– Comment parler de Marseille, du Vieux Port et du Garlaban sans évoquerconvoquer Pagnol ? – Pour parler de Talleyrand, je me dois de citerconvoquer Napoléon. – Pour son discours sur la Résistance, le Président a plagiéconvoqué de Gaulle. – Pour fabriquer ces exemples d'application, il m'a fallu faire appel àconvoquer mes souvenirs.
…et j'ai relevé la prochaine installation de structures où les pedzouilles de la ruralité pourront retrouver un peu des défunts services publics. Pensées sur le modèle canadien, ce seront, a dit le Président, les « Maisons France Services ».
« M.F.S »
dirait aujourd'hui Zazie qui, depuis 1959, a bien châtié son langage !
cf. « Zazie dans le métro » – Raymond Quenaud – 1959
J'ai aussi noté que le R.I.C (Référendum d'Initiative Citoyenne) tant espéré du mouvement des « Gilets jaunes » était enterré en grandes pompes au profit du Référendum d'Initiative Partagée,
Souvent, en fin de soirée, je m'attarde sur une chaîne d'info en continu pour lire le bandeau défilant qui résume les dernières nouvelles. Hier soir, pendant que deux véhéments débatteurs encravattés s'accordaient à exiger qu'en tête des « restitutions » du « grand débat » s'affiche la question du pouvoir d'achat, le bandeau affichait, moqueur :
J'ai cru à ce moment apercevoir le texte défilant m'adresser un clin d'œil goguenard…
Action de restituer, de rendre quelque chose qu'on possède indûment :La restitution d'un bien mal acquis. Action de restituer une œuvre, un monument ; l'œuvre restituée.
Le patron d'Airbus, doit quitter ses fonctions dans quelques jours et sa retraite fait débat. Un pactole de 36,8 millions d'euros dont une retraite de 26,3 millions d'euros.(1,3 millénaire de ma retraite ! NDLR) Une annonce que les syndicats trouvent indécente à la suite de l'annonce de la suppression de 3 700 postes en Europe.
La rémunération moyenne des patrons du CAC 40 est repartie à la hausse : 5,1 millions d'euros en 2018. "Cela représente 280 fois le smic, une hausse de 14% sur un an : c'est 12 fois plus que la hausse des salaires en France".
La raison de la hausse est la flambée des coûts de production d'EDF, mais aussi la présence désormais d'une vingtaine de concurrents sur le marché. "Pour faire vivre la concurrence, on augmente le tarif réglementé. Le système marche sur la tête"...
Repas, loyers, essence, toutes les factures doivent être fournies même si les députés disposent toujours d'une avance de 5 300 euros par mois. Parce que jusque-là ? (NDLR)
Pourquoi une si faible fréquentation ? Il n’y a qu’un seul train la nuit et selon le transporteur routier Stéphane Jacquemmoz, les horaires en journée ne sont pas adaptés à son activité : "Les trains la journée ne servent à rien car la journée nos camions sont dans les usines, ils déchargent et ils chargent. S’il y avait plus de trains la nuit, on pourrait facilement doubler le pourcentage des camions sur les trains."
Note 1.– Le chemin de fer est, dans l'édition, la représentation d'un ouvrage, page par page et dans sa totalité.
Note 2.– Chaque sous-titre est un lien vers l’extrait du JT correspondant.
Oui, je regarde trop la télé…
Mais finalement un seul Journal télévisé ne remplace-t-il pas des mois de parlottes-débats marathons aux fins fonds de la ruralité pour cerner les raisons du mécontentement populaire ? Regarder la télé n'économiserait-il pas d'interminables palabres parlementaires sur des sujets choisis par un questionnaire plus ou moins biaisé par un algorithme fumeux ?