Quand on n'a rien à dire, le mieux c'est… de mettre une photo
Jeudi, je m'inquiétais pour l'avenir de la Presse quotidienne sur papier, desservie qu'elle est par ses placards photographiques ineptes. Je craignais en effet que les nouvelles technologies, sans doute aux mains de jeunes geeks plus en prise avec leur époque, ne viennent ringardiser une forme de journalisme racoleur où de belles images en couleurs tiennent lieu de reportage rigoureux… Me voilà rassuré par l'ami Jeff, notre efficace blogmaster, qui n'a pas hésité à aller voir ce qu'il en était de l'article sur « la tuerie derrière le portail » dans l'édition de Var-Matin diffusée sur le web. Voici le résultat de sa quête :
Longue vie à cette impayable presse de divertissement !
La voila, la photo épouvantable censée nous remuer les tripes à l'annonce de ce sanglant accès de violence passionnelle ! Sans doute ce portail à l'ombre démesurée, laissant apercevoir sous de lointaines frondaisons la possible maison du crime, fait-il appel à notre subconscient pour en faire ressurgir la sinistre grille du château de Frankenstein… Un cliché bien évocateur qui méritait assurément sa demi-page à la une… et sa reprise en format élargi sur trois colonnes en page intérieure ! Pourvu que les nouvelles technologies de la communication ne viennent jamais mettre à mal une Presse Quotidienne Régionale aussi réjouissante !
L'expression « tirer à la ligne » s'utilise dans le secteur de la rédaction professionnelle et signifie « développer excessivement un travail rémunéré à la ligne ». On dit aussi « délayer ». Notons ici l'emploi extensif du verbe « tirer » signifiant « exercer une force sur quelque chose de façon à l'allonger ».
(Google)
Mais cette expression s'applique-t-elle aussi lorsqu'on se sert d'une image plus ou moins démesurée, plus ou moins en rapport avec le sujet, pour donner « de la surface » à un article de presse !
Voici la Une de Var-Matin de ce jour. Saurez-vous deviner quelle photo en 19/13 cm, assez explicite et riche d'informations complémentaires aura été choisie pour illustrer ce dramatique évènement !
Depuis quelques jours on ne voyait plus sa petite tête hautaine nous toiser par-dessus les toits du haut de ses 52 mètres… On a poussé jusqu'à son enclos. Elle a effectivement regagné sa savane, non sans nous laisser les traces de son séjour parmi nous…
Bien sûr, il a fallu qu'elle se nourrisse et la déjà maigre végétation locale en conserve les blessures. La ligne de tamaris a été carrément rasée… grignotée jusqu'à la racine et les poivriers sont réduits à l'état de squelettes. Je me demande si l'ongulé ne serait pas un peu cabot et si Sophie n'aurait pas volontairement fait festin de cette impudente végétation qui masquait sa belle ouvrage ?
Qu'est-il donc arrivé à la star de la funky-soul-discosphère ? Au JT de 20 h, on ignorait tout des causes de la mort de Prince. On savait seulement que c'est la police qui avait annoncé la mauvaise nouvelle… Ce matin, aux infos de 7 h, on parlait de mauvaise grippe. Vers 8 h, on parlait du bout des lèvres d'un possible abus de produits opiacés.
Il suffit d'un peu de bon sens pour déduire de ces trois informations que S.M. Prince est décédée d'un rhume des foins. Une trop forte concentration de pollen de pavot aura déclenché un phénomène allergique à l'origine d'un rhume qui aura tourné en grippe fatale.
Inquiets de ne pas le voir prendre son Vichy-fraise au bistrot du coin comme il en avait l'habitude, des voisins auront alerté la police. Une bien triste et bien banale histoire…
Mais vous allez voir que, dans les heures qui viennent, des pisse-copies mal intentionnés vont venir répandre d'ignobles rumeurs sur la mémoire de la star…
Ouf ! J'ai bien failli rendre copie blanche cette semaine ! Ma totale inculture en matière footballistique comme dans les choses du libertinage vidéo-enregistré m'a fait passer à côté d'une collision d'informations propre à alimenter un Mot du Jour.
C'est Mathieu Madénian qui, avec sa « Carte postale » hebdomadaire à Charlie-Hebdo, me permet de combler cette lacune. Il y est question de Karim Benzema, un talentueux joueur de football qui se retrouve privé de coupe d'Europe pour avoir manqué à la Charte de déontologie de la Fédération Française de Football. (Parce que oui, la Fédération Française de Football possède une Charte de déontologie…) La F.F.F. donc, juge que Benzema ne serait pas exemplaire, donc pas d'Euro pour lui. Et là, je suis d'accord avec Madénian qui préconise que toutes les personnes qui sont censées représenter notre pays soient soumises à une charte de ce type.
Te rends-tu compte, lecteur rigoureux, et toi vertueuse lectrice, qu'en France, quand tu es mis en examen tu n'as pas le droit de jouer au foot, mais tu peux sans problème te présenter à l'élection présidentielle. Mieux, quand tu es définitivement condamné, tu peux sans souci continuer à exercer une fonction publique et pas des moindres. Apparemment, en France, on est plus regardant en ce qui concerne les gens qui tapent dans un ballon qu'envers ceux qui tapent dans la caisse.
Les incrédules peuvent aller vérifier sur le site ► lesquen2017.com
Heureuse France, où l'on peut impunément épandre de telles idées… mais où on peut aussi en rigoler publiquement sur les ondes nationales. Pourvu que ça dure !
L'on me dit que cet an de grâce 2016 serait en fait un an de grâce suréquipé. À preuve, cette concomitance entre le jour de l'Annonciation et celui de la commémoration de la mort de Jésus.
Que ce que l'on nomme pudiquement « annonciation » pour préserver la vertu de Mlle Marie soit placé 9 mois pile avant Noël, cela n'est que logique. Et invariable par rapport à notre calendrier grégorien.
La date de Pâques, et donc de la crucifixion, est, elle, dépendante du calendrier lunaire. La course des planètes étant ce qu'elle est, nul doute qu'une année ou l'autre, ces deux repères coïncideront.
Il serait temps que le Grand Horloger mette ses pendules à l'heure !
À la radio, une rubrique géo-politique déplorait ce matin que, en dépit d'un budget militaire à la hausse, l'on ne voit que trop peu de militaires allemands sur les « théâtres d'opérations »… Quelques minutes plus tard, parlant de la Tour Eiffel aux couleurs belges, Charline V. en remettait une couche en rappelant que le noir-jaune-rouge n'a pas toujours été autant apprécié dans nos paysages urbains…