Printemps, jardinage, problèmes de robinets, occupations bibliques… Le Mot du Jour connaît une période de disette. Me voilà réduit à puiser mon inspiration parmi les blagounettes qui circulent sur le Net…
C'était hier la Journée de la francophonie. À cette occasion l'immémorial « Jeu des 1000 euros » de France Inter avait choisi d'aller faire rutiler la culture françouaise au-delà de nos frontières. C'est au Portugal que Nicolas Stoufflet est allé chercher ses deux candidats. Et pas des moindres : un étudiant franco-portugais en langues et relations internationales et un étudiant franco-français bénéficiant du régime Erasmus pour préparer un double diplôme en Architecture et Ingénierie de l'Urbanisme à la Faculté de l'Université de Porto.
Pour apprécier le sel de ce Mot du Jour, il est utile de préciser que nos deux intellectuels ont eu la franchise d'expliquer qu'ils avaient choisi Porto pour l'attrait de la ville, l'Université et la vie à Porto. « Une vie notamment de rêve tant sur les sorties que aussi la culture. Vraiment une ville très complète » (sic).
Venons-en aux fameuses questions du Jeu.
– Qui a composé ce recueil de 21 courtes pièces pour piano de 1827 à 1846 intitulé « Les Nocturnes » ? Et les secondes de s'égrener… Ding, ding, ding… – Un compositeur pour piano… romantique, disons… du 19e… Ding, ding, ding…. – Il se prénomme Frédéric… Ding, ding, ding…. – Beethoven !
Raté ! Fallait pas abuser de la chopine !
– Quel peintre a souvent représenté la chaîne de la Sainte-Victoire, une barre rocheuse à l'est d'Aix-en-Provence ? Près de 80 œuvres représentent ce paysage. Ding, ding, ding…. – Ce peintre a été chanté par France Gall… Ding, ding, ding…. – Prénommé Paul… Ding, ding, ding…
À cette question, Paul Cézanne est vainqueur par KO.
– Quel navigateur florentin a-t-il donné son nom (ou plutôt son prénom) au continent américain ? Ding, ding, ding…. – Christophe Colomb ?… Non ? – Magellan !
On voit par là que la renommée d'Etats-Uno Vespucci n'a pas atteint les universités lusitaniennes !
Quant aux sélectionneurs de France-Inter, ils pourraient, à l'avenir, favoriser le rayonnement de la culture francophone en s'abstenant de choisir des questions aussi élitistes !
La légende veut (mais ce n'est qu'une légende) que, en certaines festives circonstances, il nous soit donné d'apercevoir des éléphants roses…
Moi, ce matin, c'est Sophie qui m'épiait lorsque j'ai mis le nez à la fenêtre… Mais que vient donc faire ce placide ongulé des savanes africaines dans nos frondaisons provençales ?
Tout jeune, pour que je ne me laisse pas impressionner par un adulte par trop imbu de son autorité, mon père me conseillait de l'imaginer en maillot de bain sur la plage ou en slip au saut du lit… Toujours efficace !
Le conseil reste valable… Confronté à un notable hautain et provoquant qui arborerait un revers taché de rouge dites vous bien que sa rosette ne représente qu'une goutte de sang des décapité(e)s saoudien(ne)s…
La toute première fois que j'en entends (enfin !) parler à la télé…
Au lieu de fantasmer sur une imaginaire inversion de courbe du chômage, un type ose admettre que la révolution industrielle en cours interdira tout retour au plein emploi. Corrélativement, il prône l'instauration progressive d'un revenu universel inconditionnel. Bronca du côté des tenants d'une course éperdue vers une croissance économique aveugle. Il se fait implicitement traiter de doux dingue gauchiste instigateur de la décroissance… Néanmoins, cette fois, ici, on le laisse exposer son point de vue. Peut-être en restera-t-il quelque chose ?
Il s'appelle Julien Bayou. Je préfère ses engagements passés auprès de « Génération précaire » et « Jeudi noir » à sa fonction actuelle de porte-parole national d'EELV… où je crains qu'il ne se fasse manger par les petits cochons politiques… Laurent Ruquier lui a offert la tribune de « On n'est pas couché » hier soir.
Pour recevoir la Coupe Davis, la France, qui a le choix, opte stratégiquement pour la terre battue. Pour s'affranchir d'une météo imprévisible au mois de mars, la compétition aura lieu dans un département où le climat se montre clément en cette saison. Profitant du fait que notre territoire national s'étend bien au-delà de l'hexagone, c'est donc tout logiquement qu'on organise l'évènement au beau pays de Guadeloupe. Bien joué, les Frenchies ! Seulement voilà… Si la Guadeloupe est mondialement réputée pour ses plages, ses îles, ses bananes, son colombo, son rhum… elle souffre d'un cruel manque de terre ! Enfin… de terre battue.
De quelle tare souffre le sol antillais ? On ne sait… L'art du battage de la terre est-il une spécialité exclusivement métropolitaine ? Motus…
Qu'à cela ne tienne, on a des ressources au pays de la COP 21, du bilan carbone et de la vignette verte : pour fabriquer les 430 t qui recouvrent les terrains, deux ingrédients ont été nécessaires : 420 t de pierre calcaire blanche, extraite, broyée et concassée par la société Ouachée et Corpechot, à Saint-Maximin. S’ajoutent à celles-ci 10 t de briques pilées, produites par la société Supersol, à Pontpoint, qui donnent à la terre cette couleur particulière. « Nous avons préparé tous les matériaux dans des sacs d’une tonne — des big bag —, que nous avons transportés au port du Havre en décembre dernier », raconte Didier Durand, directeur de Supersol. Les sacs ont ensuite été mis dans de grands containers métalliques, qui ont été acheminés jusqu’au vélodrome pour un coût estimé à 3 M€.
Et ce matin, au marché, n'oubliez pas d'acheter local !
Je sais… Je n'aurais pas dû zapper… Je ne supporte pas le spectacle de la douleur. Et encore moins son exhibition complaisante.
Hier soir, un doigt malhabile qui ripe sur la zapounette et je me retrouve au cœur du match de foot PSG contre Saint-Étienne. Ces affrontements brutaux de vingt-deux gaillards se disputant la même balle à force d'entrechats subtils et de coups de pieds rageurs ne peuvent que générer horions, coups et blessures. Ce fut le cas hier, au moment même où je tombai sur cette arène, deux protagonistes, dans une espèce de combat rapproché, se livraient à un jeu de jambes qui n'était pas sans rappeler les danses rituelles de certaines tribus primitives… Dans ce corps-à-corps, c'était prévisible, l'un des deux gladiateurs écrasa les arpions de son adversaire sous les crampons de ses chaussures de combat. Ouille, ouille, ouille… Allo maman, bobo ! L'image de la victime, gisant sur le pré, tout son corps agité de soubresauts de douleur, à moins que ce ne soit de bien légitimes sanglots, m'était insoutenable. Mais, ainsi est faite la nature humaine, une curiosité malsaine m'a tenu les yeux rivés à cette vision morbide. Le pauvre bougre, recroquevillé sur lui-même, tentait, dans une puérile manœuvre pour calmer sa douleur, de masser ses orteils à travers le cuir épais de sa chaussure, dérisoire bouclier aux couleurs de son camp. J'ai du partager le martyre du supplicié pendant l'interminable attente d'un personnel médical. Et la caméra s'attardait complaisamment sur ce paquet de souffrance, alternant de pathétiques plans d'ensemble de cette scène abominable avec des gros plans sur la chaussure devenue brodequin. Enfin, l'homme de l'art arriva. On devine la douloureuse explication que lui a confiée la victime dans un faible murmure à l'extrême délicatesse avec laquelle le soigneur a osé déplacer le membre endolori. Il semblait perplexe sur la conduite à tenir. Faudrait-il évacuer le blessé vers une structure hospitalière mieux équipée ? Lui faudrait-il découper la chaussure pour en extraire on n'ose imaginer quel horrible mélange d'os et de chair meurtris et trainés dans la fange… Je restais malgré moi hypnotisé par la tension extrême du moment. Et puis le praticien a pris sa décision. On l'a senti déterminé, sûr de son diagnostic et confiant dans la thérapeutique. D'un geste assuré, il s'est muni d'une bombe aérosol puis, avec une précision chirurgicale, pschitt… pschitt… il a dirigé le jet de gaz salvateur à même le cuir de la chaussure du footballeur… Le suspense fut de courte durée. Une main secourable a aidé à la remise sur pied du champion qui, sans autre forme de convalescence, est parti en trottinant gambader sur la pelouse avec ses camarades.
Le rationaliste impie convaincu que je suis doit bien se rendre à l'évidence… Il me sera désormais interdit de ricaner aux histoires d'aveugles recouvrant la vue ou de paralytiques sautant de joie…
Merci mon Dieu ! Merci le PSG ! Merci l'ASSE ! Merci la FFF !
Philosophons, philosophons… En restera-t-il quelque chose ?
Sacrifions pour une fois à cette horripilante boutade que je crois originaire des si spirituelles contrées anglo-saxonnes : « J'ai deux nouvelles : une bonne et une mauvaise »…
Je commencerai donc par la mauvaise : Ces dernières 48 h, à plusieurs reprises, à la télé comme à la radio, on reparlait à mots feutrés de l'extension des autorisations gouvernementales qui pourraient être données pour la recherche de gaz de schiste. Sans exploitation, sans fracturation… très écologiquement… comme ça, juste pour voir… Et une brève dans la matinale de ce matin à la radio traitait du dépôt d'un projet d'un amendement de loi (enfin un truc de ce genre) portant sur le détricotage de la loi dite « pollueur-payeur ». En gros, le responsable d'une catastrophe écologique dont l'activité aurait été autorisée par l'État serait exonéré de responsabilité…
Une variante de « 1…2…3…Soleil ! » ?
Et maintenant, la (relativement) bonne : – Ils ont survécu aux bombardements, aux chasses à l'homme, aux exécutions expéditives… – Ils ont réchappé de la noyade lors de traversées homériques. – Ils ont marché, marché, marché… Femmes et enfants ont rampé sous les barbelés. – Ils ont dormi dans le froid, dans la boue… Ils ont vécu de charité. – Acculés au fond de l'impasse, ils sont bastonnés, lacrymogénés, bulldozerisés…
Et avec rien, ils reconstruisent la Cité* !
* Avec la majuscule, pas qu’on confonde avec une HLM !