Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire…*
Bla bla bla, bla bla bla… Primaires, re-primaires à droite, primaires, re-primaires à gauche… Projets fabuleux, professions de foi véhémentes, ce n'est plus qu'un fond sonore ronronnant et vaguement soporifique. À ce point que les prêcheurs eux-mêmes en arrivent à se bercer de leurs propres imprécations pour alimenter le Mot du Jour. Ainsi, ce matin, à l'heure du café :
« Le seul problème des PME, c'est qu'elles sont trop peu nombreuses… Il faut les aider à grandir ! »
Et donc, petite entreprise deviendra grande… et ne comptera plus au rang des petites entreprises… déjà trop peu nombreuses nous dit-on…
Au moins nous font-ils sourire de temps en temps !
Du temps que j’allais à la queue des vaches, le père Sorlin aurait dit : « Ah ben ouiche ! Avec le printemps pourri qu’on a eu, le foin vaut rien et les vaches donnent rien de lait… »
Ce matin, au micro de France Inter, l’éleveur-exploitant agricole nous explique : « Avec les conditions météorologique du printemps dernier, le fourrage n’a pas les mêmes qualités nutritionnelles et les vaches n’expriment pas leur potentiel ».
Depuis que la publicité de marques sévit aussi sur France Inter, on y trouve les mêmes bizarreries qu'ailleurs… Ainsi, en ce moment on fait de la réclame pour des chaussettes graphiques (pour les matheux ?) et pour des chaussettes classiques (pour les lettreux sans doute). Pour moi, je ne vous cache pas ma préférence pour ces chaussettes « classiques » au graphisme inspiré des « Précieuses ridicules ».
Vendredi dernier, sur France Inter, François Morel interpellait Patrick Cohen :
« Patrick, je ne voudrais pas vous faire de reproches ; qui serais-je moi, petit chroniqueur ignorant pour vous chercher des noises, pour vous chercher des poux dans votre toison splendide ? Mais il se trouve que, pas plus tard que la semaine dernière, je crois que c’était vendredi, à ce même micro, au sujet d’un récent discours du Président de la République vous avez dit : “Il semblerait que son discours n’ait pas spécialement impacté les différents sondages concernant la présidentielle”. Je me permets de vous signaler cet anglicisme déplacé parce que les auditeurs de France-Inter sont très attentifs et très sensibles aux erreurs qu’on peut faire ». (…) Mais la peine de mort, ça ne peut pas s’appliquer raisonnablement à quelqu’un qui dit “du coup” ou “c’est juste merveilleux". Franchement… C’est trop (*), c’est démesuré »…
(*) C’est trop : Tiens, il l’a oublié celui-là !
Et aussi, comme le relève San-Antonio (Y en avait dans les pâtes) : « J’avais complètement occulté l’incident. Maintenant on n’oublie plus, on occulte ». Citation qui me retombe sous les yeux bien à-propos…
Tout comme les auditeurs de France Inter, les lecteurs (trices) du Mot du Jour sont très attentifs et très sensibles aux oublis que je peux faire. Ainsi, on (*) me fait remarquer que j’aurais dû aussi mentionner « en fait ». Ce « en fait » qui, répété à outrance deux ou trois fois par phrase, est particulièrement « impactant » sur mon humeur, et qui, « du coup », réveille aussi en moi des instincts homicides. On (*) me cite l’exemple d’un guide touristique érudit aux explications fort intéressantes, malheureusement ponctuées de « en fait » à foison. On n’entend finalement même plus ce qu’il dit, les « en fait » « occultent » le reste du discours…
Si Roselyne Bachelot, souvent épinglée au Mot du Jour pour ses afféteries de langage passe pour une tête de Turc, je n'en ai que plus d'empressement à lui laisser la parole lorsqu'elle tient, toujours dans Var-Matin, des propos abordables et de bon sens :
« Depuis l'annonce de l'hospitalisation de Jacques Chirac et l'aggravation de son état de santé, je suis submergée de demandes d'interviews « à l'avance » où j'exprimerai mon chagrin devant la disparition de l'homme que j'ai toujours soutenu, même dans les moments les plus difficiles de sa carrière politique. On m'assure même : « Ce sera plus pratique (!), le papier pourra paraître dès l'annonce de sa mort… » « Le pire arrive avec le tweet indécent de Christine Boutin qui, sur la foi d'informations erronées, se croit autorisée à « griller » la famille de Jacques Chirac (…) »
Var-Matin-25/09/16
Il n'empêche… dans les mêmes colonnes Roselyne nous gratifie des agnats (ℹ)Agnat. Personne appartenant à une famille au titre de descendant par les mâles d'un même paterfamilias ou au titre d'enfant adopté par celui-ci : aux yeux de la loi romaine, deux frères consanguins étaient agnats et deux frères utérins ne l'étaient pas. des Arvernes ou des Andégaves ainsi que d'une scansion (ℹ)La scansion est proprement l'action de scander un vers, c'est-à-dire d'en analyser la métrique ou plus précisément, d'en déterminer le schéma métrique ou modèle. Par extension, la déclamation du vers pour faire ressortir ce schéma métrique est aussi appelée scansion. appropriée à faire le buzz. Incorrigible !
C'est la rentrée pour tous… Les cours reprennent aussi à l'École de Vulgarisation du Langage savant ouverte chaque dimanche par Roselyne Bachelot dans les colonnes de Var-Matin.
Du Technicien de surface à l'Historien des mobilités
Ce matin, à l'heure du café au lait, France Inter invite un Historien des mobilités. Oulà ! me dis-je ! Ils se prennent pour France Culture ! M'attaquer au réveil avec la colonisation du globe pour en arriver peut-être aux 4 000 noyés de cette année en Méditerranée… Ils surestiment mes capacités d'attention au saut du lit !
Ah ben ouiche !
L'historien en question n'était qu'un spécialiste de feu Bison futé venu sacrifier au sempiternel marronnier sur le « chassé-croisé des juilletistes et aoûtiens ».
Extirpée des 15 pages de Var Matin consacrées au Match de rugby RCT/Racing, cette perle de l'expression du journalisme sportif qui me réjouit toujours par ses délicates métaphores…
On n'est jamais déçu non plus par l'emploi immodéré dans ce langage des gentilés (ℹ)Le gentilé est un terme désignant les habitants d'un lieu, d'une région, d'une province, d'un pays, d'un continent, par référence au lieu où ils habitent, ce qui est le cas des peuples sédentaires. hermétiques. Ici, « francilien » est d'un usage courant… Mais quand il peut placer un bergusien (ℹ)Bourgoin ou un turripinois (ℹ)La Tour-du-Pin voire un appelou (ℹ)Firminy le spécialiste des rencontres provinciales nous en bouche toujours un coin !
Après qu'elle ait laissé à d'autres le soin d'écouler les stocks de vaccins de l'industrie pharmaceutique, Roselyne Bachelot s'en est allée débuter une nouvelle carrière au monde des média. Après s'être essayée à la série télévisée sur TF1 elle est devenue animatrice sur D8. Et voilà que depuis quelques temps elle ajoute la presse écrite à son éventail de compétences en publiant chaque semaine un billet « Signé Roselyne », dans… Var-Matin. Une manière un peu plus légère de résumer les faits politiques de la semaine.
Roselyne ne se prend pas pour Beuve-Méry et l'on sent à son style décontracté qu'elle prend plaisir à cet exercice. Voire à franchement s'en amuser puisque je la soupçonne de jouer avec ses pairs au petit jeu de « Je te parie que je place un mot biscornu dans ma rubrique ! ». Ainsi a-t-on eu droit, successivement à : la résipiscence, l'apophtegme, la nasarde, la sotériologie, l'équanimité, le mirmillon et l'hoplomaque… Merci Roselyne pour cette initiation au langage de tribun érudit ! Ce dimanche pourtant, notre leçon de vocabulaire n'a pas été d'aussi haute volée puisque la seule locution hors du commun fut : « maquillée comme une camionnette volée », s'appliquant à l'épouse de Donald Trump. Et côté maquillage, elle en connait un rayon, Roselyne !
Pour ma part, bien qu'elle soit plaisante à formuler, cette expression ne me parait guère pertinente puisqu'on peut raisonnablement penser que le voleur qui transforme l'aspect extérieur d'une auto le fait dans le but de la rendre la plus anonyme possible, et non pas de se faire remarquer… Ce qui ne saurait être le cas de Madame Trump… Ni de personne d'autre d'ailleurs…
Quand on n'a rien à dire, le mieux c'est… de mettre une photo
Jeudi, je m'inquiétais pour l'avenir de la Presse quotidienne sur papier, desservie qu'elle est par ses placards photographiques ineptes. Je craignais en effet que les nouvelles technologies, sans doute aux mains de jeunes geeks plus en prise avec leur époque, ne viennent ringardiser une forme de journalisme racoleur où de belles images en couleurs tiennent lieu de reportage rigoureux… Me voilà rassuré par l'ami Jeff, notre efficace blogmaster, qui n'a pas hésité à aller voir ce qu'il en était de l'article sur « la tuerie derrière le portail » dans l'édition de Var-Matin diffusée sur le web. Voici le résultat de sa quête :
Longue vie à cette impayable presse de divertissement !